vertical pirate

Moniteur d'escalade Calanques, Sainte Victoire et provence, pour l'abordage des falaises et autres aventures verticales ! En méditerranée et au delà …

Jordanie – Wadi rum

Le trésor de la cité perdue de Petra – un jour de repos parfait depuis le Wadi Rum

Véritable havre de paix dans une région tourmentée par une géopolitique subie par les habitants, la Jordanie est un pays qui ne laissera personne indifférent. Peut être ici plus qu’ailleurs, les relations humaines m’auront marqué tant l’hospitalité y est importante. Il est difficile dans un voyage « sac au dos » de ne pas se faire régulièrement inviter à boire le thé, ou de ne pas sympathiser avec la moitié des habitants que l’on croise dans les villages. Plus encore, les enfants rayonnent et même les plus jeunes semblent pouvoir vous en apprendre beaucoup. La plupart des voyageurs y viennent pour les incroyables sites comme Petra, la mer rouge ou la mer morte, ainsi que bien évidemment le désert du Wadi Rum. Principal site de grimpe, je vous propose à travers cette page et quelques topos d’escalade un rapide aperçu de ce lieu aussi mystique qu’inaccessible.

Quelques itinéraires de grimpe :
East face – vulcanics tower
South cracks – vulcanics tower
Walk like an Egyptian – jebel Rum
Pilier de la sagesse – jebel Rum
Edge of Zernouk el Daber – Jebel il Ejil
The Beauty – Jebel um Ejil
Salim Musa – Jebel um Ejil sommet sud
Hiker’s Road – Nassrani Nord
Desert rats in the shade – Al Maghrar 1232 mètres

Le village de Wadi Rum constitue un site impressionnant, dominé par de grandes tours de grès elles même parsemées de dômes, semblant s’étirer à l’infini. Il est devenu célèbre grâce au livre de Lawrence d’Arabie, officier britannique ayant aidé les bédouins à lutter contre l’oppression de l’empire Ottoman.

Le Wadi Rum

Le désert étant depuis très longtemps habité, les bédouins ont gravi la très grande majorité des sommets depuis fort longtemps. Ces voies bédouines, considérées comme les plus belles voies normales du monde, sont souvent très intelligentes et impressionnantes. En les parcourant, on ne peut que rester dubitatif face à ces explorations qui ne manquaient pas de culot. Certaines ont du être reexplorées pendant des années avant d’être retrouvées.. La première expédition (composée de Britanniques : Taylor, Shaw, Howard et Baker – des noms que l’on retrouvera très régulièrement) d’escalade se déroula en 1984, alors que l’on se demandait s’il était simplement possible de grimper sur ce grès tendre d’aspect trop fragile. A cette équipe se joint très rapidement le corse Wilfried Colonna. Ensemble, ils écumeront les lignes logiques et exploreront une grande partie du désert environnant. En 1986 débarquent pour la première fois les fameux frères Remy, boulimiques de l’ouverture. 30 jours sur place, 30 voies! On note la première ascension des Jebel Nassrani nord et sud, qui étaient les deux derniers sommets de cette ampleur à ne pas avoir été gravis. Ils visent les fissures et cheminées évidentes. Plusieurs équipes anglaises et françaises ouvrent des lignes majeures, mais le véritable tournant vient avec l’arrivée des Autrichiens Albert Precht et Wolfgang Haupolter en 1988 qui présentent un style encore plus radical que les Remy : aucun spit, des itinéraires sortant des cheminées et osant des dalles et traversées exposées dans les faces les plus improbables, avec un engagement qui aujourd’hui encore reste très impressionnant. Une description plus complète du duo est présentée dans le topo de Hiker’s Road, bien que celle ci soit probablement une de leurs voies les plus classiques et faciles.

Le désert du Wadi Rum

Quelques spits ont été plantés à Wadi Rum, bien que cela soit totalement interdit. Mais ce sera Precht lui même qui montrera à Arnaud Petit la face est du Nassrani Nord, et qui l’encouragera à ouvrir avec goujons et scellement ce qui deviendra une des voies les plus célèbres du monde, la guerre sainte (avec Guy Abert, Philippe Batoux, Alon Hod et Benoit Robert En 2000). Les voies équipées sont cependant restées très marginales à Rum.

Même si les voies Precht continuent de faire trembler les meilleurs, un nouveau duo a créé dans les années 2000 De nouvelles voies de référence : Le Brianconnais Arnaud Guillaume et le Pyrénéiste Christian Ravier ne sont pas à leur coup d’essai, et ouvrent dans un style pur, difficile, profitant de quelques très rares spits pour franchir les murs les plus beaux. On peut notamment citer la voie « les enfants de Don Quichotte » au Nassrani, la voie la plus longue du massif ouverte en style big wall (640 mètres, 7b ou 6c+/A1).

Bon, on y va?

Parmi les voies très dures du massif, nous pourrons en noter quelques unes qui sortent du lot. « Rock Empire » atteint le 7c+/8a, ouverte par une forte équipé tchèque (O.Benes, M.Rosecly, T.Sobotka, du  8 au 11 novembre 2005) qui ne semble pas avoir trop abusé des spits, et avec un rocher qui n’est pas forcément le meilleur du massif…

On note également la libération de la voie « towering inferno » par le couple d’aventuriers Anne et John Arran, pour des difficultés allant jusqu’au 7b mais dans un cadre qui ne fait rire que les Britanniques, et encore… (rappelons qu’ils sont les auteurs, entre autres, de la libération de « Rainbow Jambaia » au Salto Angel, et John a fait la première à vue de « Rock Empire »).

Un massif aventureux comme celui ci ne pouvait pas échapper à la quête des allemands Bernd Arnord, Kurt Albert et Egbert Dozekal, qui ont ouvert « 55 steps To hell », 7b, sur la belle paroi sud bien visible au nord est du village au dessus du Wadi Es Sid, sur le Jebel Nassrani Es-sid (rien à voir avec l’autre Nassrani).

Encore plus dure, « glory » atteint le 8a/8a+ mais est plus courte (120 mètres, par A.Malachi, O.Blutrich, O.Nogradi, N.Richman, S.Nisim).

On ne pourra toutes les citer, mais il serait dommage d’omettre « Far el Salam », sur la même paroi que la « guerre sainte », pour un niveau en 8a, 400 mètres (par A.Black, B.Firth, H.Wirtz, C.Kalous et J.Gamolovskij  ouverte en 2007).

Source et plus d’infos sur ces voies très dures : http://www.desert-guides.com/top-hardest-climbs-wadi-rum-june-2016/

Aujourd’hui, l’escalade à Rum est devenue à la mode chez les grimpeurs aventuriers, et de nouveaux itinéraires voient encore régulièrement le jour. Quelques short climbs et voies devenues très classiques permettent à de nombreux grimpeurs de pouvoir se faire plaisir mais le lieu reste engagé et chaque escalade doit être prise au sérieuse…

Parallèlement à ça, la vie au village est des plus agréables, et les habitants brillent par leur gentillesse…

La bible !

Coté topo, l’offre est assez maigre pour pouvoir profiter pleinement et sereinement du massif.
Il faut évidemment mentionner le premier topo réalisé par Tony Howard himself, « Treks and Climbs in Wadi Rum, Jordan » ; comme son nom l’indique, ce topo est en langue anglaise uniquement et il est assez… vieux. Néanmoins, on y trouve un grand nombre de voies et il faut simplement être capable de faire le tri et lire entre les lignes.
Dans la continuité de cet ouvrage historique, un projet de topo exhaustif regroupant toutes les voies du massif est en cours depuis de nombreuses années, initialement lancé à l’initiative du regretté Bernard Domenech et repris par Wilfried Colonna (tout deux grand connaisseurs du massif)… mais la sortie est différée chaque année et il faudra encore patienter.
En attendant, on peut se tourner vers un topo multi destinations récent, Rock around the World sorti fin 2017. Dans la lignée des beaux livres d’Arnaud Petit (les « Parois de légende »), ce topo est inspirant, parfait pour rêver et voyager, avec 7 destinations majeures décrites tout autour du Monde (à voir ici : http://thierrysouchard.com/rock-around-the-world/). Cerise sur le gâteau, on y trouve une description très précise d’une sélection de voies classiques pour chaque destination, avec notamment pour le Wadi Rum, 24 grandes voies et 2 randos bédouines.

Pour un voyage, des idées ou juste des informations, vous pouvez me contacter !

Accueil > Topos d’escalade > Jordanie – Wadi Rum