« Et nous sommes arrivés à Ben Amira. Ce monolithe, ce roc, ce pavé, gris, immense, imposant, gigantesque, hors norme surgissant de cet océan de sable, de jaune, d’ocre. Plusieurs dizaines de kilomètres après le dernier village, Choum, ce sont quelques bicoques qui nous accueillent à la lueur déjà presque éteinte d’un coucher de soleil digne des meilleurs films de Sherazade. Seuls repères d’un monde occidental : une antenne (où nous pouvions par la suite avoir de la connexion quelques heures le soir) et LA voie de chemin de fer. Ces rails vont de Nouâhibou, au bord de mer, à la mine de fer en plein milieu du désert quelques centaines de kilomètres plus loin !

Une nuit dans un campement de Khaïma (tentes locales), qui va devenir très rapidement notre chez nous pour ces deux semaines. Une nuit sous les étoiles brillantes d’une lueur amplifiée par le bleu foncé d’un ciel profond. Un calme incroyable de cette première nuit, troublée seulement par le bruit du vent et du silence.

Et ce matin, nous apparaît comme dans un rêve, Ben Amira. Encore plus massif qu’à la nuit tombée. Comme un gigantesque animal marin endormi là depuis des millénaires dont on ne verrait qu’une partie d’un corps démesurément grand qui ne demanderait qu’à se réveiller… »

Pauline Chauvet, ou Jowaka, la fille qui rigole, Monitrice de Canyon et formatrice au CREPS de Vallon Pont d’Arc, et membre de notre expédition en 2023.

Les voies (ne sont décrites que celles que j’ai parcourues) :

Ben Amira

• • Le canyon

• • Point Afrique ouvre la voie

• • Il était positif

• • Ode à l’Aube

• • La loi du desert

• • Le nombril du monde

• • Les princesses Aura et Aïzera

• • La Marmoulada

• • Rendez vous à Casablanca

• • Mauritanides voyages

• • Jib Gant

• • L’école d’escalade

Ben Aicha

• • Même les chameaux meurent de soif

• • Chouf la fissure

• • À l’ombre des jupons d’Aicha

• • L’origine du monde

Vous trouverez beaucoup d’informations sur le site de Jean Louis Lauféron.

Ben Amira est un monolithe granitique, le second plus haut du monde en dénivelé (500 mètres) derrière le mont Uluru en Australie, et exploré pour la première fois par Jean Louis Lauféron. Il l’a découvert suite plusieurs explorations, accompagné de sa compagne Anne de Bélinay, son petit fils Maxime et Jean Kanapa. Ensuite également accompagnés de Nadine Rousselot, ils ouvrent entre 2020 et 2022 huit voies sur ce beau rocher et le monolithe voisin, un peu plus petit, Ben Aicha. Mais l’aventure ne s’arrête pas aux premières ascensions, ils ont formé des grimpeurs locaux, Dah et Mahmoud, aujourd’hui presque autonomes en grande voie, et ont organisé une expédition en janvier 2023 qui aura ouvert huit voies de plus.

Nous y vivons dans un camp exceptionnellement confortable, coupés du monde, en apprenant de la culture locale au rythme des thés à la menthe. L’escalade est magnifique malgré un rocher parfois dangereux à l’ouverture. On est coupés du monde, et je n’ai cessé de comparer la facilité de ce voyage en contrastant avec notre expédition au Groenland quelques mois auparavant. C’est en prenant sur moi que je ne vous dévoile pas toute l’histoire de l’escalade dans cette région, car cela a déjà été fait par Anne de Belinay, dans son superbe livre « même les chameaux meurent de soif », que je vous recommande vivement !

Plusieurs visites sont prévues cet hiver par des grimpeurs, et nous espérons de tout cœur un développement de ce site d’escalade hors du commun, où le plaisir ne se limite pas à une gestuelle verticale, un plaisir fait de rencontres avec des habitants authentiques et attachants, un plaisir de découverte, de partage et d’épanouissement dans ce lieu hors du temps.

C’est dans l’avion du retour que je vous écris ces lignes, le cœur chargé d’émotions, et la tête pleine de souvenirs. Le calme et la sérénité que j’ai trouvés là bas me marqueront sûrement à jamais, je ne réalise pas que je n’y ai passé que deux semaines, et c’était malgré tout bien trop court. J’espère au plus profond de moi y retourner, retrouver Dah, Mahmoud, Sidi, Sid Ahmed et les autres au camp. Déjà, je pense aux lignes que je n’ai pas eu le temps de gravir en ces lieux, ces rêves ne me quitteront pas. Enfin, j’aimerais y retourner en tant que guide, pour faire découvrir ce fabuleux massif et développer le tourisme d’aventure local. Pourquoi ne serait ce pas avec vous ?

Un immense merci à toute notre équipe, à commencer par Anne, Jean Louis et Jean les explorateurs, Patrice pour ses explications géologiques passionnantes, et mes partenaires d’aventure la bas, en plus des précités : Catherine, Pauline, Marie, Alexandre qui m’a invité, Henri, Thibault, Vincent, Bruno. Shukran du fond du cœur aux Mauritaniens sur place et bravo spécialement à Dah et Mahmoud pour leurs exploits verticaux.

Enfin, merci à Mauritanides Voyages et Point Afrique ainsi que Kadi, pour l’organisation, nous avons vécu « comme des Rois ».

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