« Une fois de plus, nous achevons cette voie normale qui nous aura forgé de belles cuisses. Pénible au début, c’est comme si elle était de plus en plus facile chaque jour. Nous redescendons sur cette face cachée de Ben Amira. Aujourd’hui, Dah vient nous chercher, et au « col de la tortue » (vous me comprendrez sur place !), nous birurquons à droite.

Une salade nous est immédiatement offerte, puis nous passons à la cérémonie du thé. Dah nous explique qu’il pourrait passer plusieurs jours ici rien qu’à en boire et à discuter. Il nous en apprend davantage sur son pays, les peuples qui le composent, et évoque les différentes coutumes locales. Un second thé arrive. Le premier était amère comme la vie, le second sera doux comme l’amour. Nous essayons à présent une fois de plus d’apprendre des mots arabes. Certains y arrivent mieux que d’autres…

Le troisième thé arrive, clôturant ainsi le rituel. Il est suave comme la mort.

Le silence du désert reprend, et nous contemplons chacun perdu dans ses pensées les dunes et les monolithes, contrastant avec un plat semblant se perdre à l’infini.
Après quelques rêveries, nous entendons des voix : une autre cordée arrive par la voie normale.
La cérémonie du thé recommence. »

La descente de Ben Amira.

Les princesses est la voie « la plus facile des dures ». En effet, cet itinéraire remonte directement la magnifique face au dessus le camp, en plein dans l’impressionnant bouclier de dalles, à l’endroit où il devient raide, quelques dizaines de mètres à gauche de la traînée d’eau caractéristique de gauche. Elle a été équipée du haut par Stéphane Moussard, Romain Lauféron, Jean Louis Lauféron, Anne de Bélinay, Philippe Craplet et n’a finalement été dans la foulée. Le livre « même les chameaux meurent de soif » raconte au mieux l’aventure que fut cet équipement puis l’enchaînement du bas.

Aujourd’hui, après deux ascensions, le rocher est dans l’ensemble très sain pour une escalade magnifique et parfois engagée, notamment dans le passage clé de la seconde longueur. C’est donc une voie déjà assez sérieuse, dont les difficultés vont logiquement en s’amenuisant, ce qui est normal car nous grimpons sur un dôme. Nous commençons ainsi dans du 6c à froid, plutôt bien équipé, puis on enchaine par un 6b+ assez obligatoire. La suite présente encore quelques pas de 6 pour finir dans du gentil 5.

Je n’ai personnellement que peu de souvenirs de cette voie, car nous avons reçu des pluies de blocs durant l’ascension, déportés par le vents et tombés lors de la purge de la future voisine, la Mahmoulada. Malgré les radios, nous n’avions pas pu demander à nos amis d’arrêter cela, et c’est grâce à une équipe au sol voyant le carnage que cela a cessé : ils se sont posés au pied de la voie, hurlant, sifflant, agitant des chèches pour réussir à communiquer avec eux !

Si vous avez eu un peu de marge et que cette voie vous a plus, il y aura dans l’ordre à grimper « le nombril du monde », « le voyage de Vadah » (Sadar Vadah) puis la terrible « loi du désert »… Bon courage !

Équipement : Stéphane Moussard, Romain Lauféron, Jean Louis Lauféron, Anne de Bélinay, Philippe Craplet

Difficulté : ED-; 6c max, 6b+ obligatoire; 400 mètres

Matériel : Grande voie équipée, cordes de 60 mètres

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