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Moniteur d'escalade Calanques, Sainte Victoire et provence, pour l'abordage des falaises et autres aventures verticales ! En méditerranée et au delà …

Nuku Hiva – Tehaatiki, A’e maua i ite

Le profil de la paroi – la voie se situe juste derrière le pilier

« Qu’est ce qui vous a amenés à Nuku Hiva ? » Une question récurrente…

plus grande île des Marquises, l’archipel le plus isolé du monde, elle ne constituait pas nécessairement notre objectif principal. C’est en cherchant à concrétiser mon projet d’ouvrir une voie par « continent », fil conducteur de mes voyages, qui ne cherche pas à gravir les plus belles ou plus hautes parois du monde mais plutôt à découvrir des coins magnifiques et rencontrer des cultures différentes, que j’ai regardé divers projets en Océanie. La vidéo du grimpeur aventurier Mike Libecki faisant du jardinage à Ua Pou m’avait beaucoup plu (effectivement il ne faut pas chercher le meilleur rocher du monde !), et, étant surfeur passionné, cette destination me semblait particulièrement intéressante pour mélanger mes passions tout en explorant de nouvelles parois.

C’est donc sans savoir ce qui nous attendait et ce que nous pourrions trouver qu’avec Noémie nous sommes partis pour Nuku Hiva, après avoir simplement trouvé quelques photos sur internet, et quelques informations très décourageantes sur la qualité du rocher local (Ua Pou était trop compliqué et pour le coup même moi je trouvais les parois trop végétalisées – c’est dire !). Nous savions que ce serait très compliqué de trouver une voie à ouvrir, c’est pourquoi nous avons concentré nos efforts sur la seule paroi à priori stable, assez longue et pas encore trop colonisée par les plantes à plusieurs kilomètres à la ronde : la falaise maritime au bout de la baie de Taiohae semblait être le projet le plus sur pour atteindre nos objectifs !

Troisième longueur

Une première journée de repérage nous rassure : le rocher n’est pas si mauvais, bien que ce basalte semble être constitué d’un empilement de blocs, et après pas mal de doutes nous trouvons à la fois une ligne sans herbe mais surtout un accès pour y aller : comme dans nos Calanques, il nous faudra accéder du haut, en rappels. Un couloir malsain semble conduire au pied de la paroi, au bord de l’eau. En revanche, l’incertitude sur nos capacités à remonter perdurera jusqu’au dernier moment car nous n’avons jamais pu observer la paroi d’en face et nous ne savons toujours pas à quoi nous attendre !

Le lendemain, nous partons au lever du jour pour éviter les fortes chaleurs, et c’est après une heure de marche que nous descendons ce fameux couloir : pas terrible en effet, de la desescalade exposée se mélange avec deux rappels de 30 mètres et de la bartasse forestière, mais nous savons qu’en cas de soucis nous pourrons remonter par là. Nous arrivons à une terrasse suspendue une vingtaine de mètres au dessus des flots, et c’est par une traversée boisée que nous rejoindrons un beau dièdre, qui se poursuivra par de sympathiques dalles très sculptées. Finalement, l’escalade est plaisante et plus facile que nous l’aurions pensé, j’aurais même apprécié, après coup bien sur, que cela soit plus compliqué ! Mais c’est ravis et cuits que nous arrivons au sommet de cette falaise maritime, finalement pas si moche, du bout du monde !

Noémie dans la troisième longueur

Approche : De Taiohae, emprunter le sentier de la sentinelle jusqu’au sommet de la falaise où est située une cabane. On descend ensuite versant sud un couloir que l’on longe d’abord en rive droite puis que l’on desescalade (ou rappel peu raide) jusqu’à une forêt de faux acacias, que l’on traverse vers la mer jusqu’à ne plus réellement pouvoir continuer en solo. On effectue alors un rappel de 30 mètres minimum jusqu’à une vire, où l’on trouve deux goujons.

Le passage clé en seconde longueur

L1 : 3, 20 mètres; Traverser à gauche la dalle recouverte de jungle, relais sur arbre.

L2 : 5b, 25 mètres; Remonter le dièdre droit au dessus puis poursuivre par un terrain délicat jusqu’à un arbre. Relais sur arbre fragile et un goujon.

L3 : 4c, 40 mètres; Viser l’arête en tirant à gauche, relais dans une petite conque sur coinceurs.

L4 : 3, 30 mètres; Poursuivre par cette arête.

On retrouve le sommet par une cinquantaine de mètres d’escalade très facile en 2.

Le nom de la voie, « on ne savait pas » en français,  vient du fait que nous n’apprendrons que le soir même qu’il est plutôt interdit de prendre ce genre d’initiative, ouvrir une voie, sans l’aval de l’administration locale… Promis, nous ne recommencerons plus !

Pour conclure, l’escalade à Nuku Hiva ne présente pas de réel intérêt en soi. Il y a du cailloux un peu partout, très rarement de bonne qualité. Il semble cependant qu’il faille une autorisation de la sous division ou du Maire pour chaque initiative.

Au nord, à Hathieu et Akaapa, il existe de belles aiguilles « rocheuses », et une highline y a déjà été installée, et un film a même été tourné à cette occasion : https://www.youtube.com/watch?v=7tCka6foOXE. La météo et une organisation trop compliquée à mettre en place ne nous aurons permis de ne voir ces aiguilles que de loin.

En face, sur l’île d’Ua Pou, de nombreuses aiguilles qui ont déjà toutes été gravies sauf deux par une équipe allemande il y a 20 ans présentent des voies qui ne semblent intéressantes que pour l’aventure, on trouve quelques informations sur internet. Mais si l’on ne recherche que du rocher parfait l’on reste en métropole !

Le topo

1ière ascension : Noémie Laugero et Nicolas Gay, le 29 septembre 2020

Difficulté : D-; 5b; III; 120 mètres

Matériel : jeu de friends jusqu’au 3, câblés, sangles, matériel grande voie sportive

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