Difficile de mieux porter son nom ! « The Beauty » est certes une voie très courte, mais absolument sublime. Pourtant bien visible du village, ce formidable dièdre proposera une bien belle journée qui commencera à errer dans des canyons encaissés et sauvage. Là est en partie la magie du site, car dès que l’on quitte la civilisation on se sent perdu au milieu de siqs (canyons secs) et ravins impressionnants, qui rendent une ambiance exceptionnelle. Pour s’y rendre, il faudra d’abord se perdre dans le fameux Rakabat Canyon, aussi beau qu’accessible pour les randonneurs. On aura rapidement la chance de s’y égarer, et retrouver son chemin dans ces labyrinthes est un enchantement rare. Bien que la ligne ne dépasse pas 150 mètres de dénivelé, si on sort au sommet on ne pourra pas dire que la journée est incomplète. Et pour les plus motivés, enchaîner sur une autre perle comme « Alan and his perverse frog » est toujours envisageable.
Le style d’escalade de cette voie est également marquant. Il existe certes quelques magnifiques lignes de fissure dans ce massif, mais ce n’est pas la norme. On y grimpe des bombés physiques, des dalles sculptées ou encore des colonnettes (!), mais rares sont les murs complètement lisses proposant une escalade uniquement en fissure. C’est pourtant le cas de « The Beauty », qui remonte un grand dièdre évident, dans lequel l’escalade pourrait rappeler l’Utah. Les longueurs sont néanmoins très variées, et l’on ne regrettera que le manque d’ampleur de la face. Cet itinéraire est donc idéal pour une courte journée durant laquelle on ne voudra pas se faire peur, car comme dans tous les passages de ce style, on « jette » des protections bétons dans les fissures sans jamais se mettre en danger.
Accès :
Par le rakabat Cayon. Remonter le Goat Gully rive gauche assez loin de son centre (cairns) pour déboucher sur un plateau. Contourner le sommet en face par la droite dans un canyon (système en vires en rive droite). Après avoir contourné un passage très raide par la gauche, on prend un second canyon main gauche (cairns évidents). On poursuit ce canyon jusqu’à presque buter face à un mur vertical très impressionnant, puis on tourne à gauche dans un dernier canyon étroit pour trouver à son bout en rive gauche la ligne désirée.
La voie :
L1 : 5c, 25 mètres; dièdre exceptionnel et immanquable. Relais sur chaîne sur la première vire à gauche.
L2 : 6a, 20 mètres; poursuivre ce dièdre, relais sur un scellement et une lunule.
L3: 5b, 20 mètres; toujours ce dièdre fabuleux, difficile de se tromper.. Relais sur chaîne.
L4 : 6b, 20 mètres; deux pas de dalle non obligatoires équipé de deux pet bolts (pitons forcés dans des trous forés) puis plus facile. Relais sur vire, un scellement et un gros bloc en équilibre. La voie passait avant dans le dièdre à droite (4+).
L5 : 5c, 20 mètres; off width (crux de la voie!!) exposée sans friend numéro 5. Nombreux buts… Relais à gauche sur la terrasse sur chaîne.
L6 : 4+, 35 mètres; rampe à gauche puis passage plus raide droit en sortie, relais équipé.
On sort ensuite au sommet par un cheminement à trouver d’abord dans un couloir puis dans les dômes!! 3+…
Descente :
Refaire en sens inverse L6 (avec un court rappel au début puis desescalade), puis rappels sur R5, R3, R1 (50 mètres nécessaires).
Ne pas suivre ensuite le canyon d’accès mais le poursuivre vers le nord. Un rappel de 25 mètres permet de franchir un mur raide, puis on suit une vire rive gauche (le fond du canyon y mène aussi) ramenant au Goat Gully.
1iere ascension : W. Colonna, A. Baker, 10 octobre 1985
Difficulté : TD; 6b, 5c obligatoire; II; 200 mètres si on sort en haut.
Matériel : friends du 0.3 au 5 en doublant les tailles moyennes, câblés, sangles.
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