La falaise de l’Oule n’a pas fini de m’enchanter. Il s’agit réellement d’une falaise majeure, proposant de nombreuses escalades variées, dans tous les niveaux et styles, sur un rocher souvent unique: ces rondeurs, qui rappellent la paroi des toits, s’associent à de belles cheminées aux formes esthétiques, l’ensemble étant entrecoupé de belles dalles blanches. Sur l’extrême gauche de cette paroi, nous avons repéré une belle ligne de cheminée déversante, bien visible au départ de la traversée des écureuils. Une très, très belle surprise nous attendait là…
En effet, la ligne est belle et évidente. Mais nous ne savons jamais ce que réservent ces cheminées qui ne dévoilent pas réellement leur intérieur. Après un départ en dalle sur du rocher moyen, le rocher est ensuite dans la cheminée vraiment très beau, solide, prisu et franc. Même les chips sont presque totalement absents de la ligne, et il n’y a pas réellement de piège. De plus, l’escalade s’est révélée être facile et bien protégeable. Nous avons vite réalisé, après son parcours, qu’il s’agissait là de l’une des très belles voies faciles non équipées du massif. Si jamais mon enthousiasme paraît excessif, je ne peux que vous conseiller d’aller vérifier par vous même!
L’accès se fait classiquement depuis le creux de l’Oule, puis en prenant le sentier de la traversée des écureuils (deséscalade exposée sans corde!), jusqu’au scellement permettant de faire un relais avant de grimper le passage en 4c menant au départ des voies « les croulants » et « les futurs croulants » (situé au pied d’un petit couloir d’éboulis menant aux voies « allons bon ben v’la o’t chose » et la plus récente « tourbillon d’la vie »). On remonte le couloir qui le domine, puis on coupe à travers les plantes variées pour viser un pin évident, au pied de la cheminée très caractéristique marquant la voie.
La voie « Jet Lag »:
L1: 4c, 30 mètres. Remonter la dalle grise triangulaire. Le rocher y est légèrement inégal mais en prenant ses précautions il ne devrait pas y avoir de soucis. Ne pas viser l’arbre au pied de la cheminée de gauche (sangle de rappel), mais au contraire aborder au plus tôt la cheminée de droite, bien marquée et très esthétique. Remonter cette cheminée quelques mètres et construire le relais dans un petit renfoncement.
L2: 5a, 20 mètres. Poursuivre cette cheminée, d’abord très bien fournie en prises et bacs, et passer une étroiture, qui oblige très temporairement à quitter la cheminée. On arrive alors à une niche confortable, auparavant pourvue d’un arbuste mort et très sec, de trois mètres de haut. Celui ci empêchant complètement de passer sans le tailler complètement, il semble relativement évident que personne n’était passé ici auparavant.
L3: 5b, 25 mètres. Poursuivre cette belle cheminée jusqu’à son sommet, un passage un peu plus dur et blocs un peu posés en haut. A nouveau une très belle escalade. Juste sous le sommet, un coin de bois laisse planer le doute. Jusque ce point, les traces de passages ne concernaient que la cheminée de gauche, et le reste de l’itinéraire était totalement vierge de toute trace de passage (lunules à trous fins non équipées, arbuste bloquant le passage, ni pitons ni coins de bois…). Nous n’aurons probablement jamais la réponse, d’autant plus que les lignes doivent plus ou moins se connecter et que les deux cheminées cerclant celle parcourue par « Jet Lag » semblent bouchées dans leurs parties supérieures, même si ce détour serait également illogique (mais la logique n’est dictée que par le rocher…). Aucun parcours n’ayant jamais été déclaré dans ce secteur, nous ne saurons jamais quel fut le trajet de ce coin de bois avant d’atterrir dans cette fissure.
Sortie « les cent fleurs et mille écoles »:
Du sommet de « jet lag », on poursuit vers l’est une arête typée montagne, facile et agréable jusqu’au sommet de la falaise de l’Oule. Celle ci peut se parcourir facilement en corde tendue. On arrive alors juste sous l’abri Azémas. Une échappée dans le couloir de gauche est possible, mais pas nécessairement plus simple et totalement inintéressante.
1ière ascension connue: Bernard Pégourié, Nicolas Gay, le 25 janvier 2016. Un coin de bois tout en haut laisse planer le doute (accessible par la cheminée de gauche), l’ancien arbre du R2 laissant pourtant penser que la cheminée n’avait auparavant pas été fréquentée. Ne pouvant savoir quelle portion avait déjà été grimpée ou non, nous avons décider toutefois de baptiser la voie (qui est très belle et qui mérite d’être parcourue!) en fonction du rythme épuisant de mon partenaire de cordée, qui enchaîne les allers retours en avion pour le travail. N’oublions pas non plus que les anciens étaient au moins aussi forts que nous dans ce genre de terrain t que nous ne pouvons jamais être à l’abri de parcours sauvages et discrets.
Difficulté: D; 5b; II; 70 mètres pour la voie, puis 30 mètres de course d’arête pour rejoindre le sommet.
Matériel: Aucun équipement en place mais relais très faciles à construire. Matériel classique grande voie, friends 0.3 à 4, hexentrics 6 à 9, câblés, sangles.
Une belle vidéo signée Oxygène :
Les dévers des voies « le tourbillon d’la vie », « allons bon ben v’la o’te chose » et « toujourjamais ».
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