Toujours pas entièrement satisfait de notre dernière aventure, « un fusil de trop« , au dessus de la mer, je cherchais à ouvrir une voie plus longue et plus continue au Groenland. Après avoir hésité sur plusieurs idées, nous décidons de rester autonomes, pour des raisons de budget et d’organisation (la glace trop présente en mer rendait les sorties aléatoires, on ne savait jamais si un retour en bateau serait possible) et de traverser l’île d’Ammassalik à la recherche d’une paroi sauvage en rocher correct. Noémie notamment craignait de dépenser plusieurs centaines d’euros pour trouver les mêmes cairns qu’au dessus Tasiilaq mais plus loin.
Nous réduisons le matériel au minimum, ce qui nous faisait des sacs toujours de plus de 20 kilos, et commençons à traverser l’île en direction du fabuleux fjord Sermilik. Au premier bivouac, je repère au loin un pilier en face nord sur l’arête ouest du sommet Aamangaaq, dominant le second lac, qui semble accessible et composée d’un rocher à priori correct.
Le lendemain, c’est après plus de deux heures de marche que nous la rejoignons. Sur le chemin, tous les murs que l’on croise sont ruinés et l’on entend même quelques éboulements… Et c’est non surpris que nous trouvons au départ encore du rocher pourri. Je ne désespère pas et descends même grimper seul le socle facultatif d’une petite vingtaine de mètres par une rampe herbeuse. Cette fois-ci nous ne referons plus la même erreur, nous laissons le fusil au pied, en espérant ne pas croiser d’ours polaire sur le retour…
Comme prévu, la première longueur est exceptionnelle dans son style, composée de l’un des plus mauvais rochers que j’ai jamais vu, partiellement recouvert de mousse (en soit plus solide!) et improtegeable… J’arrive à une vire et c’est avec soulagement que je constate que la suite semble bien meilleure.
Effectivement, une jolie dalle facile nous fait reprendre espoir et nous amène au pied d’un très beau dièdre.
La troisième longueur commence par celui-ci, agréable et exposé dans un bon 5, avant de se poursuivre par une dalle légèrement plus facile mais improtégeable. Nous arrivons à la moitié de la paroi, sur une très large vire d’où l’on pourrait s’échapper, ce que je n’avais pas repéré. Dommage.
Bordée par deux couloirs pourris, la quatrième longueur est agréable sur un ressaut toujours pas protégeable, aboutissant à une zone moussue très raide d’une quarantaine de mètres qui composera la quatrième longueur.
Enfin, la sixième et dernière longueur est sûrement la plus belle : nous remontons une belle dalle lisse et exposée jusqu’au sommet !
La descente agréable se fait par de belles pentes de neige puis un couloir facile où nous retrouvons notre EPI anti-ours. Nous continuons notre traversée de l’île…
1iere ascension : Noémie Laugero et Nicolas Gay, le 23/06/2022
Difficulté : D+; 5c; 250 mètres environ
Matériel : Friends jusqu’au 3, câblés, sangles, matériel grande voie
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