Cette montagne Sainte Victoire m’envoute depuis toujours. J’apprécie son esthétisme, son rocher, la beauté qu’elle dégage. Depuis longtemps déjà, je rêve d’y ouvrir un itinéraire, en style traditionnel. Pourtant, ce n’est pas chose aisée car ce massif est parcouru depuis fort longtemps par les grimpeurs. Les très forts des années 60 – 70 (Jean Paul Bouquier, Bernard Amy, Michel Soulier, Gerard Cretton, parmi une bonne dizaine au moins! Que les absents de cette liste veuillent bien m’excuser), puis des années 80 (les Christian) puis enfin la relève, avec des ouvreurs tout aussi talentueux (notamment Philippe Légier qui a trouvé des lignes exceptionnelles) ne nous ont pas laissé beaucoup de place.
Cela semble faire quelques temps que Bruno cherche les dernières lignes vierges de la montagne, en recoupant archives, témoignages et repérages sur le terrain. Après quelques déceptions (découverte de traces de passage dans ses projets), il me présente une ligne, « en étant sûr, ce coup là, tu verras il n’y a rien mais je ne sais pas si ça passe ». Je signe tout de suite!
Bruno a effectivement déniché une belle ligne, logique et très agréable à grimper, et impressionnante. Nous avons eu de la chance, car cette nouvelle voie parcourt un des murs raides du massif, pour huit longueurs sans grosse vire ni jardin. Incroyable, je ne savais même pas que cela existait! Le bas de la voie passe juste à côté de « Ami Dalle », puis s’individualise nettement une fois le très joli socle de dalles franchi. L’ambiance est alors tout de suite aérienne, et les passages sont aussi variés que possible. On remonte un vrai boyau, superbe, sur une bonne quinzaine de mètres, puis un très beau dièdre qui rappelle celui de la voie de l’entonnoir en plus difficile, pour sortir grâce à une très longue rampe aérienne, à l’escalade toujours sérieuse.
Nous nous sommes vraiment fait très plaisir, et on espère que les éventuels répétiteurs rentreront aussi heureux que nous. Il reste encore quelques bons blocs dont il faut se méfier, mais nous avons fait le ménage. La voie semble plus sérieuse que ses voisines, notamment la belle voie du jeune que j’avais déjà parcourue il y a quelques années.
Le topo !
La voie démarre dans le socle de dalle, à droite de l’aiguille des Gadz’arts, sous un bosquet caractéristique lui même dominé par un mur très raide, que l’on franchira par le dièdre, le passage clé. Partir assez haut dans la dalle, ne pas tirer une longueur en 1, sinon la corde sera trop courte pour aller au premier chêne !
L1 : 4c; Belle dalle à trous, escalade exposée. Relais sur la vire aux chênes.
L2 : 5b; Partir à gauche des chênes dans la dalle, puis tirer à droite vers un nouveau bosquet, sous une cheminée noire caractéristique.
L3 : 5b; Rentrer dans cette cheminée, puis aller chercher au fond un boyau que l’on remonte sur 15 mètres pour sortir par une fenêtre (particulièrement esthétique!), et faire relais (difficile à construire) sous le dièdre.
L4 : 6b ou A1; Remonter le dièdre (lunules au départ, puis dièdre raide – A1 possible, notamment si le fond du dièdre reste terreux…), jusqu’à un arbuste (relais possible), et l’on poursuit par une fissure raide et franche, physique. Blocs en fin de longueur.
L5 : 5b; Grande traversée engagée mais superbe en suivant la rampe vers la gauche.
L6 : 5b; On poursuit via cette rampe, toujours très sympa. Relais au couloir.
L7 : 3; Couloir facile menant au sommet de l’aiguille des Gadz’arts.
Descente à pied par le sentier des Cantilènes.
Et le film de l’ouverture, merci Bruno!
1ière ascension : Nicolas Gay, Bruno Zunino, le 21 février 2017
Difficulté : TD; 6b, ou A1 et 6a, cotations à confirmer ! 220 mètres
Matériel : Friends 0 au 4 en doublant les moyens, câblés, pitons recommandés mais non utilisés à l’ouverture.
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