C’est indéniable, la montagne Sainte Victoire est un site magnifique. Le rocher est l’un des plus beaux que je connaisse, et les paysages sont superbes. J’adore cette face sud, tourmentée, composée de nombreux piliers, de diverses arêtes et tout autant de couloirs que l’on ne peut parfois discerner que sous certains angles, ou à certaines heures grâce à un soleil qui la différencie à chaque heure.
C’est également cette composition qui génère sont plus gros défaut: comme le pic Saint Loup à Montpellier ou la Pared d’Escalès en Catalogne à plus grande échelle, les parois manquent bien souvent d’ampleur, malgré une montagne imposante. En effet, les voies de la montagne Sainte Victoire n’excèdent que rarement 140 mètres. Certaines sont des combinaisons de ressauts, comme le grand parcours, et peuvent donc se déployer sur 400 mètres. Je n’ai pas encore percé tous les secrets de cette fabuleuse montagne, mais il me semble bien que le baou Saint Antonin en constitue l’une des plus grande paroi continue.
Cette paroi est très reconnaissable grâce à la fameuse « tâche blanche », traversée par la voie Albélia. Celle-ci semble assez peu homogène, quoique des variantes récentes la rendent plus soutenue et évitent les parties trop végétales.
Des voies plus anciennes existent, et c’est par la voie du jeûne que je commence la redécouverte de ce grand mur. De loin, quelques vires viennent casser ces grandes dalles, mais laissent présager des relais très confortables.
Le départ est assez évident à trouver (voir topo en photo) et est matérialisé par la présence de plaquettes. Il s’agirait d’une voie récente, qui croise la notre. ces plaquettes mystérieuses seront ensuite oubliées durant toute la voie, jusqu’à trouver sous la barre sommitale un relais composé de ces même goujons tout neufs.
La voie!
L1: V, dalle qui se redresse progressivement. Deux plaquettes dans le haut, je suppose que l’itinéraire original passe quelques mètres à droite car la dalle est vraiment compacte et l’escalade très fine. Le premier relais se fait sur une plaquette dotée d’un maillon rapide complétée par des friends.
L2: V/V+, rocher moyen et recherche d’itinéraire. Les plaquettes partent à droite, dans un beau mur compact. L’itinéraire logique semble au contraire partir d’abord à gauche, puis est en direction d’un arbre massif et immanquable. L’itinéraire se fait plus en fonction des protections à placer qu’au plus simple. Un bel exemple de grimpe dans ce style! Relais sur pitons, à renforcer (on voit quelques mètres à gauche, pour la dernière fois, les dites plaquettes – vire).
L3: V+, fissure immanquable. Le rocher est d’abord moyen puis excellent. Deux pitons viennent compléter une protection assez facile, jusqu’à ce que la fissure disparaisse: un « run out » (passage expo, improtégeable où il faut « y aller ») dans une dalle compacte, superbe! Relais à droite du gros arbre, trois pitons, ou sur l’arbre (vire).
L4: V+, très intéressant à nouveau. La longueur louvoie pas mal (un piton), avec une traversée vers la gauche à la fin pour trouver un relais équipé sur pitons (petite vire). Encore une longueur qui demande un peu de métier!
L5: V/V+, traversée évidente vers la droite (blocs de toutes tailles en équilibre, dangereux…) jusqu’à un relais équipé. De là monter dans des éboulis exposés, jusqu’à trouver un relais sur plaquettes ou à défaut sur l’arbre.
L6: II, traversée à droite sous la barre, évidente. Construire le relais après une vingtaine de mètres, sous un couloir oblique vers la gauche.
L7: IV, couloir forestier en oblique vers la gauche, assez long. Relais à construire au sommet.
Ensuite, on rejoint le sommet des crêtes par une traversée ascendante à droite, en passant au plus facile. La descente s’effectue ensuite par le sentier des Cantilènes (repérage nécessaire et pied montagnard indispensable!).
Il s’agit donc d’une très belle voie, intéressante pour le perfectionnement au tout terrain. Les cotations annoncées ici ne correspondent qu’à mon ressenti, et prennent en compte le côté « ancien » de l’itinéraire. Une certaine expérience du terrain d’aventure est donc nécessaire pour ne pas se mettre trop en danger.
1ière ascension: A. Lemonnier, J-P. Fedele, B. Gorgeon et A. Zeppini, en 1973.
Difficulté: TD, V+ max et obligatoire, parfois exposé. Le rocher est variable, parfois excellent. 200 mètres. La réchappe dans la voie peut être délicate (vires caillouteuses, petites traversées…)
Matériel: Un jeu de friends (le 3 peut servir), un jeu de câblés, casque obligatoire. Marteau et pitons en fond de sac. Matériel classique grande voie.
Si cet itinéraire vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter!
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