Très belle voie à l’ancienne, le dièdre de l’oursinade est le « cousin » du dièdre des Aixois. Ils ont été ouverts la même année, et correspondent à ces voies historiques du Verdon, bien loin des murs gris à goutte d’eau. L’escalade dans l’oursinade est plus esthétique que dans le dièdre des Aixois, mais la voie est moins sérieuse. A part les deux premières longueurs « agricoles », l’escalade se déroule sur un très beau rocher. Les difficultés restent relativement sérieuses, car l’équipement est très large et on ne peut pas toujours compléter, celui-ci n’ayant pas été placé dans une logique de sécurité, mais uniquement pour protéger les pas les plus durs. Ainsi, on retrouve des spits à côté de franches fissures et des passages exposés. Par ailleurs, les 5c-6a ne se laissent pas facilement dompter, contrairement aux deux longueurs clés qui sont à peine plus dures.
Ce dièdre possède une certaine ampleur, ce qui le rend très agréable. Certes, les deux premières longueurs herbeuses sont évitables, mais ce serait dommage de contourner l’approche historique. Grimper dans un terrain aventureux fait partie de notre sport, et cela demande un peu de métier. J’ai personnellement un ami qui grimpait 8c+ (désormais plus!) et qui a réussi à buter en seconde longueur… C’est fort dommage que certains grimpeurs ne soient plus capables de passer ces longueurs pourtant faciles (auparavant des débutants l’auraient sortie…), et que l’essence même de l’escalade, savoir évoluer en milieu vertical, disparaisse petit à petit. Les grimpeurs tout terrain n’ont pas disparu, mais il est plutôt rare de combiner un haut niveau en falaise et une pratique solide en terrain varié (bien que de très nombreux contre-exemples existent, fort heureusement).
La suite est nettement plus rocheuse, et les longueurs sont soutenues en fissures et dièdres, avec tout de même une belle ambiance, et le tout sur un rocher à la fois très beau et très solide. L’escalade physique s’effectue principalement en dulfer, ce qui est assez épuisant et contribue à faire de l’oursinade une vraie grande voie qui laisse bien le sentiment d’avoir grimpé. Certains grimpeurs insèrent même cet itinéraire dans la liste de voies pour le probatoire de l’examen du DE, mais je pense que cela est exagéré car il y a tout de même pas mal de points en place dans certaines longueurs…
L’approche la plus commode se fait depuis le camping des Cavaliers, en rive gauche du Verdon. On descend tranquillement le sentier de l’Imbut, puis on repère rive gauche une grande baume blanche, la baume du Schpountz. La voie démarre juste à sa gauche, par une dalle équipée sur un pilier. Il est également possible (et dommage) d’éviter ce départ en suivant en amont la vire de « trois jours d’engatze », puis en tirant un petit rappel pour récupérer le dièdre même, deux longueurs plus haut.
Le topo, avec les cotations « officielles » (ensuite notre ressenti…) :
L1 : 6a+, 45 mètres; Un pas au départ protégé, puis escalade forestière. A la première vire, tirer à droite (et non à gauche).
L2 : 5c, 50 mètres; Deux jolies fissures entrecoupées d’arbres, escalade parfois engagée, on arrive à faire relais pile sous le dièdre avec des cordes de 50.
L3 : 5b, 45 mètres; Rampe esthétique rejoignant le dièdre, avec un passage dur en fissure large.
L4 : 6a, 35 mètres; Superbe dièdre soutenu !
L5 : 5c, 45 mètres; Suite du dièdre, dur et parfois très engagé, magnifique.
L6 : 6c, 35 mètres; Monter dans le toit puis redescendre, traverser à droite sous le toit puis remonter un dièdre, traverser à gauche. Soutenu mais entièrement équipé sauf la fin, que des très bonnes prises.
L7 : 5b, 40 mètres; Partir à gauche du relais puis remonter une jolie rampe et enfin une belle dalle.
L8 : 6a, pas d’info. Partir sur la rampe de gauche, sortie historique.
L8′ : 6b, 35 mètres. Sortie « Guillot ». Très belle cheminée avec un pas au début. Dans le prolongement logiue du dièdre.
Retour aisé à pied.
Nos cotations (en total désaccord avec le topo, certes, on se permet tout de même de proposer…) :
L1 : 6a/+; L2 : 6a; L3 : 6a; L4 : 6a; L5 6a/+; L6 : 6b; L7 : 5c; L8 : 6a+
Plus soutenu, donc, notamment avec pas mal de sections engagées, mais aux cotations maximum moins dures qu’annoncé.
1ière ascension : R. Bonnard, R. Fustin en 1973, F. Guillot pour la sortie directe, logique
Difficulté : TD+; 6c ou 6a obligatoire parfois engagé; 220 mètres
Matériel : Friends 0.5 au 3, câblés, nombreuses sangles, matériel grande voie équipée. entre deux et cinq points par longueurs, sauf L6 qui est sur équipée.
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