Voici une voie à l’ancienne, qui n’est pas à la portée de toutes les sacs de magnésie… Les avis concernant ce dièdre sont très partagés, mais la voie n’en est pas moins mémorable.
Ouverte par les pionniers Cretton, Bouquier, Racaud et Vuillemin en 1973, sa première ascension fut épique, répartie sur plusieurs jours et avec des cordes fixes.
Aujourd’hui, le dièdre des Aixois reste une voie mythique du Verdon, car sa ligne est magnifique et évidente depuis les belvédères. Il s’agit toutefois d’une escalade qui n’a rien de moderne: très végétale, avec du rocher de qualité variable et un équipement totalement pourri. Cependant, la ligne est impressionnante dans ce grand mur raide de l’Imbut, et la voie engagée car passée la fameuse traversée aux gollots de L5, toute retraite devient très problématique voire impossible. Un peu d’aventure, donc!
Ma description:
L’accès est déjà en soit très amusant: on cherche son chemin d’abord dans des couloirs entre les buis (l’approche de la voie « Herbetto »), puis on longe de magnifiques murs rouges et gris, dans lesquels passent de nombreuses voies dont certaines sont majeures. La trace se perd de plus en plus, et sur la fin il faut rester attentif pour trouver l’attaque.
La voie commence ensuite dans du lierre puis suit une fine fissure très jolie (6a+ avec un pas dur). Ensuite, on remonte par des rampes surpeuplées d’arbres faciles jusqu’à une grande baume caractéristique (attention, on croise une voie équipée à l’heure actuelle inachevée ou inconnue).
La longueur suivante est mythique, une dalle superbe en 6a, protégée par deux ou trois gollots datant de l’ouverture, qui ne retiendraient très probablement pas une chute, ainsi qu’un piton ayant meilleure mine. Cette longueur se termine par un pendule vraiment sympa. L’ambiance est désormais au rendez vous, avec un vide impressionnant car on traverse au dessus d’une zone de dévers très prononcés et on passe un point de non retour… On a désormais plutôt intérêt à savoir sortir par le haut!!
Un rappel oblique confirme ensuite la sensation d’engagement: on est déposés sur une petite vire, impossible de faire demi tour et à moins d’avoir pensé à prendre des cordes de 150m, impossible également de redescendre en rappels… Nous voici donc au début du dièdre proprement dit.
La première longueur du dièdre est vraiment atypique: on avance presque continuellement d’arbre en arbre, les pieds dans la terre, les mains dans les touffes d’herbe, avec au milieu un pas… intéressant! (et incotable) Ensuite, deux longueurs pas si simples et fort esthétiques en 5c nous posent au pied de la dernière longueur, déversante et aérienne. Le libre y est dur, et l’artif pas très rassurant car le matériel en place n’a pas du bien évoluer depuis les années 70 (6c+ ou A2).
Cotation: ED-; 6c+ et pendule dur à libérer ou 6a et A2. 200 mètres.
Matériel: Un jeu complet de friends, un jeu de câblés, marteau et 4/5 pitons très variés en fond de sac. Il est possible qu’un jour un des gollots casse (traversée en 6a ou dernière longueur). Espérons que le malheureux élu aura de quoi changer le matériel.
Un bon souvenir en ce qui me concerne, et une voie plus intéressante pour la ligne et l’aventure que pour la gestuelle. Les grimpeurs/alpinistes devraient adorer, et ceux issus de de la couenne ne supportant pas ce type de jungle verticale vont probablement faire demi tour dans les 15 premiers mètres.
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