Première voie ouverte dans ce grand mur impressionnant de l’Eissadon, la voie de la Bonne Femme (ou voie Duveteux) est une des lignes historiques du massif. Cette partie des falaises du Devenson est l’une des plus spectaculaires : la paroi atteint ici 200 mètres et est particulièrement raide : lisse, elle se compose de grandes dalles formant des lignes de fissures aériennes. La voie de la Bonne Femme affronte cet obstacle en plein centre, par un grand dièdre évident au repérage, moins à grimper. Parcourir cet itinéraire est (presque) obligatoire pour les amateurs de voies traditionnelles des Calanques, et cela permet, une fois de plus, de réaliser le niveau que possédaient les anciens. Georges Albert et André Coudray grimpaient fort bien, et ne manquaient pas de courage !
Plus de cinquante ans après son ouverture, la voie reste soutenue. Même s’il n’y a aujourd’hui aucun passage vraiment dur, l’escalade est soutenue, raide, et souvent osée. Malgré les centaines de parcours, le rocher reste à vérifier, et on devine bien qu’avant l’important nettoyage récemment effectué certaines sections ne devaient vraiment pas randonner. Beaucoup de terre et de plantes dans les fissures, blocs douteux, ambiance engagée avec une sortie par le haut nécessaire… Sans oublier que, si la voie est aujourd’hui cotée 6a, elle n’a pas toujours eu ce grade presque mythique : le docteur Albert avait estimé quelques pas de V, rien de plus…
Même s’il ne s’agit pas de la plus belle voie du coin (qui à mon sens reste « le petit pois« , un peu plus dure), l’escalade est très intéressante : on évolue d’abord dans des gradins parfois incertains (certains préfèrent la voie équipée moderne en parallèle), puis dans un grand dièdre que l’on quitte parfois pour des sections en dalle dans lesquelles on s’éloigne des fissures permettant de se protéger. Les longueurs sont souvent raides et l’ambiance est bien au rendez vous. Bien que nettoyé, le rocher demandera probablement ad vitam æternam des précautions : on est bien dans une vraie grande voie, intéressante et formatrice. Dans le même style en plus dure, vous pourrez ensuite aller voir « le retour d’Ulysse« !
L’accès : en rappels dans « un bain au calençon » (éviter les rappels du collet qui défoncent tout…). Longer la paroi vers l’ouest jusqu’à trouver la ligne de scellements de « la sans nom ». Départ juste à gauche dans un dièdre.
L1 : 4c; Départ en dièdre, puis vite remonter une écaille à droite (rocher moyen) puis un petit mur. Relais en commun avec la sans nom.
L2 : 4c; A droite du relais, remonter un couloir avec des ressauts plus raides, puis un mur douteux d’aragonite, on trouve un relais que l’on dépasse pour trouver le bon (un goujon) à la base du fameux dièdre.
L3 : 5c; Tout droit dans le dièdre, superbe et variée. Grande longueur, un goujon au relais.
L4 : 5c; Courte longueur, remonter les écailles légèrement à gauche du dièdre, très sympa. Un goujon et deux pitons au relais.
L5 : 5c/6a; Dièdre évident à droite du petit toit, un goujon inutile, plusieurs variantes possibles. Un goujon au relais.
L6 : 5c; Au dessus le relais, rapidement suivre la mini-vire vers la droite, puis remonter une belle fissure jusqu’à une seconde vire que l’on longe vers la gauche pour remonter une dernière fissure finissant en dièdre jusqu’au sommet. Longueur spectaculaire navigant entre de fines fissures.
1ière ascension : Georges Albert et André Coudray
Difficulté : TD (initialement TD-); 5c/6a (initialement V), III, 190 mètres
Matériel : Jeu de friends 0.3 au 3, câblés, un second petit jeu de friends ou hexentrics en complément, matériel grande voie
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