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La voie des Parisiens

La voie des parisiens sur la roche courbe est l’un des itinéraires mythiques en France. Pourtant, la célébration récente de son cinquantenaire rappelle qu’il s’agit d’une voie historique. À l’heure où le spit est devenu roi et le piton relique, comment expliquer que cette voie reste un point de passage presque obligatoire pour les grimpeurs alpinistes ?

Il est vrai que désormais l’escalade non aseptisée ou non équipée (il existe une forte nuance !) rappelle surtout les fissures franches. En fait, la voie affronte une paroi parfaitement verticale, haute, et traverse de nombreux murs et dalles, et ne remonte pas des systèmes de cheminée comme le faisaient les itinéraires typiques de l’époque. Il s’agit en fait d’une escalade de style moderne, extérieure. Et contrairement à ce que pensaient les ouvreurs, la paroi se grimpe entièrement en libre. Avec plusieurs longueurs majeures, il n’en fallait pas plus pour que « les parisiens » entre dans la légende.

le topo de la voie des Parisiens

Malgré un peu de mauvais rocher au tout début et à la toute fin, l’escalade est superbe. On alterne des passages sur grosses écailles, on franchit des toits, on traverse des dalles et l’on remonte de beaux dièdres. L’équipement, uniquement à base de pitons, demande un peu de métier pour être correctement complété et malgré tout certains passages resteront engagés. C’est un bel itinéraire pour découvrir des parois plus impressionnantes, qu’il faudra aborder avec un peu de sérieux car la retraite devient vite problématique.

Parcourir cette voie, c’est également rendre hommage à ses prestigieux ouvreurs. Une petite présentation de chacun d’eux sera effectuée en fin de page. L’ouverture de cette voie reste un événement marquant de l’escalade française. Le cinquantenaire de l’ouverture fut par ailleurs célébré il y a quelques années, avec la participation de certains des meilleurs alpinistes Français des années 60. A cette occasion, on a rappelé que dans cette voie, « on devient alpiniste » et que malgré les progrès effectués depuis en escalade sportive, la voie des Parisiens reste un challenge encore tout à fait acceptable.

Dans les alentours de Die, ce ne sont pas les itinéraires historiques ou d’ampleur qui manquent. Certaines grandes classiques, de l’autre côté du village, dans le Vercors, comme la voie du Levant à Archiane ou la Leprince-Ringuet à Glandasse sont de grandes classiques, « à faire absolument » pour les amateurs de grandes voies semi-équipées. Et pour le grimpeur-alpiniste confirmé ou le très bon grimpeur, des itinéraires de plus grande ampleur, avec parfois des problématiques très aventureuses, vous attendent avec un rocher parfois très « neuf ».

Les Parisiens : ouverture les 1 et 2 juillet 1961

Difficulté : TD; 6a+, 6a obl.; III; 280 mètres

Matériel : Jeu de friends 0.5 au 3, câblés, sangles, matériel grande voie équipée

Les ouvreurs :

– Lucien Berardini : Célèbre alpiniste ayant, comme beaucoup d’autres, débuté sur les rochers de Fontainebleau pour devenir l’un des meilleurs : on lui doit de grandes réalisations alpines, comme la première de la face ouest des Drus (1952), première ascension de la face sud de l’Acongagua où il perdra certains doigts et orteils, ainsi que de nombreuses voies extrêmes dans les Alpes. Il est également connu pour avoir découvert e développé la falaise de Claret, dans l’Hérault, et avoir ainsi constitué une faune grimpante « à part » dans le paysage vertical.

– Maurice Gicquel : Voici un grimpeur qui a fait des choses, mais dont le CV reste davantage énigmatique. Ses réalisations majeures se situent surtout à l’étranger, et notamment en Himalaya où il gravit plusieurs sommets vierges (Annapurna Sud, Pumori…) ainsi que des ouvertures du bas en Algérie. Il est fort à parier que sa carrière ne se limite pas à cela!

– Robert Paragot : Lauréat du piolet d’or carrière, Paragot est l’un des plus célèbres alpinistes Français. En plus de la face sud de l’Aconcagua avec Berardini, on lui doit des passages qui restent presque extrêmes aujourd’hui dans la forêt de Fontainebleau (les médisants me contrediront mais n’ont pas essayé les 6c dalleux comme la « défroquée » ou encore la « Joker », premier 7A du territoire, nettement plus dur que bien des 7B que j’ai pu essayer…) et des exploits en montagne, tant dans les Alpes que sur les plus hauts massifs du monde. Un très bel ouvrage, « Paris, camp de base », retrace de manière très intéressante sa carrière.

– Emile Troskiar : Guide de haute montagne, qui s’est notamment investit e Bourgogne, Emile semble être le type de grimpeur fort qui n’a pas eu besoin de le crier sur tous les toits, car seule sa compétence semble être restée dans les mémoires. Peut-être un historien pourrait m’aider à réparer cette biographie bien trop incomplète?

 

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