Bernard en seconde longueur
Entre le baou des Vespres et le baou Saint Saturnin se dresse la paroi de la Torque, sauvage et finalement méconnue. Cela peut s’expliquer par le fait qu’elle ne dépasse pas les 80 mètres en son centre, malgré des lignes absolument magnifiques. C’est en y parcourant la voie des vires que deux amis, Bernard, mon presque parrain de l’escalade, et Laurence, que j’avais accompagné pour sa première course en montagne (l’arête nord de la Dent du Géant – une première sortie qui incite au respect!) ont repéré une jolie ligne, sur un pilier à priori oublié. N’ayant pas vu Bernard depuis plusieurs mois et ne croisant Laurence que sur de courtes périodes en salle d’escalade, je n’ai pas pu refuser l’invitation à me joindre à eux pour ce projet “très facile”, comme me l’a annoncé Bernard.
Ce samedi, la Sainte est resplendissante. Les coulées d’eau brillent avec le soleil et la neige au sommet rend ce décors magnifique. Reste à savoir si nous pourrons grimper avec cette humidité générale ! La marche d’approche, dans ce si beau cadre, ne pose pas de soucis, même si en quelques mois sans venir à la Sainte je me retrouve déjà à me demander si mon raccourci est le bon (ce massif est un véritable piège à randonneurs!). Nous arrivons au pied de la paroi, la ligne est évidente, Bernard s’équipe.
Troisième longueur
Jusqu’à l’avant dernier moment, nous pensions ouvrir une ligne facile, nous l’avons nettoyée avec beaucoup de sérieux (il est impressionnant de voir à quel point les rochers sont naturellement brisés dans les zones faciles – par endroits, tout partait!). Ce fut une de ces belles journées de grimpe durant lesquelles tout se passe bien, entre belle escalade et esprit d’équipe. Seule la dernière longueur rendra la voie un peu difficile, mais je suis, de mon côté, soulagé de proposer une voie qui soit tout de même dans le 6. Sans exagérer, cette voie est réellement recommandable. Peut être une variante plus facile en dernière longueur pourrait être ouverte par la gauche, afin de permettre à un maximum de grimpeurs de parcourir cette jolie ligne ?
Approche : voir la voie des vires à la paroi de la torque, démarrer à droite dans un court dièdre surmonté d’une dalle.
L1 : 4c; Très court dièdre puis dalle menant à une mini vire que l’on longe vers la gauche pour vite remonter un second court dièdre. Relais sur la vire, lunules à poser.
L2 : 4c; Dalle droit au dessus, facile mais exposé, puis on longe la vire boisée quelques mètres à gauches. Relais sur arbre.
Quatrième longueur
L3 : 5a; Rampe oblique à gauche engagée, énorme travail de nettoyage là dedans ! Passer un arbre mort visible puis faire relais derrière sur chêne.
L4 : 5a; Dièdre splendide au dessus, raide à bacs. Relais à construire au pied du prochain ressaut.
L5 : 5c/A1>6b; Fissure au dessus du relais, évidente. Trempée à l’ouverture, libérée uniquement en second, pitonnage de rigueur au crux. Relais au sommet.
« Pour la petite histoire » : Nous avons ouvert cette voie le jour anniversaire du mouvement Gilet Jaune, un an après le début des manifestations.
Descente : Sentier du grand couloir.
1ière ascension : Laurence Raith, Nicolas Gay, Bernard Pégourié le 16 novembre 2019
Difficulté : TD-; 5c/A1 ou 6b; 5c obligatoire; 140 mètres
Bernard dans la cinquième et dernière longueur
Matériel : pitons (nous avion eu besoin de trois petites cornières et une lame), friends du 0,3 au 3, Câblés, sangles, matériel grande voie équipée
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