« Récemment, les réseaux sociaux se sont embrasés à propos de la polémique qui a opposé le Celte au Sieur Jacdemars sur le tracé exact de l’Arête de l’Etang à la Paroi de la Torque. Une telle question ne pouvant rester éternellement en suspens, deux audacieux grimpeurs locaux ont monté une expédition afin de la trancher définitivement et sans recours possible. Simultanément, une recherche bibliographique intense mit à jour une description incontestable de la première ascension de ladite arête dans le désormais célèbre récit de leur voyage aux glacières de Sainte-Victoire par Bouquier, Windham et Pocock  (Genève et Londres, 1742). Les observations sur place ont confirmé les assertions consignées dans l’antique fascicule. N’en déplaise au Celte, les Arêtes de l’Etang et de la Torquillette ne sont qu’une seule et même voie et le Sieur Jacdemars peut légitimement s’enorgueillir d’avoir soulevé ce lièvre qui avait échappé à Médiapart. L’itinéraire rapporté dans le pamphlet d’origine sans doute étrangère (dit de Lucchesi), s’il est bien visible sur le terrain, nécessite pour être parcouru d’un goût qui ne semble plus être répandu parmi les grimpeurs actuels. Aussi les deux audacieux grimpeurs locaux ont-ils suivi l’arête parcourue incognito par les Sieurs Deulé et Tang, le 25 Juin 1492 (ce qui ramène à de plus justes proportions le prétendu exploit du lendemain). »

Bernard Pégourié, mon ami et partenaire de ce jour.

Après plusieurs longues semaines d’arrêt suite à une blessure à la main, Bernard me propose d’aller voir une courte ligne qu’il avait repérée, dans un secteur où une voie oubliée du topo reste mystérieuse : l’arête de l’étang (secteur de la torque). Les tracés entre le topo de Jean Paul Bouquier et le plus récent Lucchesi diffèrent totalement. Ce sera l’occasion d’aller mettre un peu d’ordre et repérer cela si l’objectif initial ne nous correspond pas. Effectivement, l’objectif initial ne nous correspond pas : trop d’herbe… mais cela nous permet de voir que le tracé du Lucchesi n’est vraiment pas attirant, et l’arête de l’étang semble bien être ce qui a été récemment rebaptisé « l’arête de la Torquillette », même si le tracé Lucchesi est également cohérent : il y aurait donc déjà deux arêtes de l’étang, le second tracé Lucchesi semble ainsi correspondre à une erreur de parcours.

Mais de notre côté, la chance nous sourit car nous repérons une jolie arête remontant deux piliers successifs, que nous décidons alors de gravir. Je me lance pour la première longueur en tête, composée de ressauts puis d’une belle cheminée raide. Je ne me souviens même plus de la dernière fois que j’ai posé un coinceur ! L’escalade se passe bien, avec de beaux bacs non visibles d’en bas. La longueur se poursuit par le fil de l’arête du pilier, duquel l’on redescend par un bloc coincé faisant office de pont. Bernard s’élance pour la seconde longueur, remontant alors le second pilier par un joli dièdre. Une dernière longueur facile nous permet de rejoindre l’arête de l’étang, puis deux autres la crête. La voie est donc facile, mais réellement jolie et agréable à grimper, sur un rocher exceptionnellement solide ! L’engagement est minimum (l’on peut rejoindre un couloir assez facilement), et malgré le manque d’ampleur je la recommande !

L1 : 5b, 48 mètres; Plusieurs ressauts bien prisus mènent à une cheminée raide, puis le fil de l’arête du pilier que l’on remonte. On redescend du « sommet » par un un bloc coincé faisant office de pont. Relais dans un arbre.

L2 : 4c, 50 mètres; Remonter le dièdre sur le second pilier à droite du couloir et poursuivre par un terrain facile.

L3 : 3, 50 mètres; Suivre l’arête logique. On rejoint alors plus ou moins l’arête de l’étang.

L4, L5 : Environ 70 mètres en maximum 3 pour rejoindre la crête.

1ière ascension : Bernard Pégourié, Nicolas Gay le 20 février 2022. Il s’agit donc de la troisième arête de l’étang !

Difficulté : D-; 5b; Environ 200 mètres dont 50 grimpants

Matériel : Friends jusqu’au 3, câblés, sangles

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