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Les enragés

Les enragés! Une des grandes voies françaises des plus mythiques. A la fin des années 60, les falaises des pré-alpes ont été gravies une par une. Certes,

il reste beaucoup à faire, mais les parois majeures ont déjà été parcourues. L’exploration continue, et les grimpeurs, alors principalement sudistes,

Seconde longueur

Seconde longueur

découvrent les falaises entourant le canyon du Verdon. Les falaises périphériques comme Saint Maurin sont gravies, et le nom des voies rend parfois hommage aux soirées vécues la veille. Le mouton saoul, le spigolo de l’écureuil et le bœuf bourré ne sont plus des voies reprises, mais sont restées dans la légende. Ces voies, parcourant des falaises de maximum 200 mètres, sont très au dessus des gorges elles-même.

La paroi du Duc est celle des gorges qui fait le plus « sommet »: cette paroi massive, carrée, semble aboutir à une bosse proéminente. De plus, elle est la plus facilement repérable, et ce depuis le point sublime. Ce furent trois Marseillais, chacun au cœur d’une brillante carrière, qui firent le premier assaut. Claude Cassin, Joël Coqueugniot et François Guillot firent une tentative dans cette paroi, avortée au premier tiers à cause de la pluie.

Patrick Cordier, grimpeur hippie et talentueux, eut vent de cet essai, et profite du mauvais temps à Chamonix pour composer son équipe et aller voir ce Verdon pour de vrai. C’est après un long repérage, puis un siège avec des cordes fixes puis un brillant assaut final que l’équipe de quatre parvient à gravir la voie. Celle ci propose un itinéraire très intelligent, valorisant au mieux les systèmes de vires et franchissant d’impressionnants surplombs, dont l’un, totalement lisse, qui demanda l’emploi de nombreux gollots, ces pitons à compression. De nombreux passages sont exposés, et la voie devient très vite une de référence de haut niveau. Il faudra attendre plusieurs années pour voir la première ascension à la journée.

Troisième longueur

Troisième longueur, au départ

Patrick Cordier fut l’un des grimpeurs les plus forts de sa génération. Les voies qu’il a ouvertes en montagne ne laissent pas indifférents. Il s’agit pourtant là de sa seule création au Verdon, bien qu’il fit une tentative sans succès quelques semaines après l’ouverture des Enragés, dans la future voie de la Demande, seconde voie des gorges, et première de l’Escalès.

La voie est restée classique, bien que relativement peu parcourue, les amateurs de voies historiques se contentant bien souvent de la Demande. Pourtant, les deux voies n’ont en commun que l’ambiance aérienne et le rocher très solide. Les Enragés remonte un mur compact, sans ligne de faiblesse continue. L’escalade y est mixte, avec des pas d’escalade souvent obligatoires, entrecoupés d’escalade artificielle facile. Il faut tout de même être efficace dans les deux styles pour se faire plaisir dans cette voie, d’autant plus que certaines sections sont très engagées et que plus on monte, plus la retraite est délicate! Par ailleurs, il faut faire très attention aux conditions: la paroi doit absolument être sèche avant de tenter l’ascension, certains passages seraient sinon dangereux.

Pour moi, il s’agit d’une des très belles voies des gorges, dans un style actuellement assez désuet. Avec Étienne, on s’est régalés dans cette voie. Elle est fort recommandable pour le grimpeur expérimenté!

Description de l’itinéraire ! :

L’approche, courte, est plaisante. Du parking du couloir Samson, se diriger vers les tunnels du même nom, et avant l’escalier en fer, descendre main gauche, et emprunter la tyrolienne pour traverser le Verdon. Suivre le sentier, et au pied de la paroi repérer le départ, évident dans un éperon blanc juste à gauche d’une immense grotte.

L1: 4c; Remonter cet éperon, relais au pied du mur gris, sur une mini vire.

L2: 6b+; Les choses sérieuses commencent! Dalle équipée au début (préférer tirer à droite après le dernier point), puis remonter un dièdre (deux trois pitons, physique). Quelques pas peu évidents, parfois un peu au dessus le point. Une des longueurs les plus sérieuses.

L3: 6a+; Seconde longueur soutenue de suite, qui finit de mettre dans le bain. Traverser à gauche (pitons), et remonter un dièdre raide (sortie engagée).

L4: 7a ou A1 puis 5c; Traversée à droite, puis artif facile (un pas de libre) jusqu’à la rampe. Ne pas traverser à droite (piton), mais remonter à la rampe supérieure directement (un piton).

L5: 5c; Traverser quelques mètres à droite, et au niveau du goujon remonter sur la rampe supérieure (ne pas aller au relais bien visible à droite). Retraverser à droite, puis remonter à nouveau sur la rampe supérieure au niveau d’un dièdre assez végétal. Traverser ensuite à gauche et faire relais dans l’arbre.

L6: 6a; Remonter le dièdre évident (une voie moderne l’emprunte également…). Relais sur la vire au dessus.

L7: 5c (++); Traverser la rampe vers la droite (un pas dur au milieu, non obligatoire, dans une coulée). Relais au pied d’un dièdre.

L8: A1 puis 3; Remonter en artif la fissure droit au dessus le relais (un pas de vrai artif à la fin sur câblé, le seul de la voie!), puis tirer à gauche. Ne pas remonter le premier dièdre, mais suivre une petite vire vers la gauche. Relais sur arbre.

L9: A2 et 5; Départ en libre, viser l’arbre (fatigué…), puis remonter le mythique mur à gollots. La plupart des plaquettes ayant cassé, on cravate des boulons avec des câblés. Assez long… Des plaquettes et goujons neufs sécurisent l’ensemble. Tous les points ont été fortement testés en 2016 et semblent encore tenir. En tous cas pour nous ils ont tenu.

L10: A1 puis 5b; Traverser quelques mètres à droite, puis remonter un court dièdre en artif. Traverser ensuite complètement la rampe vers la droite jusqu’au relais très confort, assis sur un arbre, avec trois pitons solides.

L11: 6a+; Souvent décrit comme la passage clé, ce passage est en fait assez abordable. Du relais un pas du permet de s’engager dans le mur droit au dessus, puis l’escalade est plus facile jusqu’à un râteau de chèvre. remonter ensuite une rampe vers la droite, menant à un court bombé.
L12: A0 puis 5. Court bombé d’artif facile, puis au mieux jusqu’au sommet, plusieurs options possible, branche finale de gauche fortement déconseillée (énorme arbre mort suspendu!). Beaucoup de tirage.

Le mythique bombé aux gollots!

Le mythique bombé aux gollots!

Descente !

Du sommet, suivre des sentes direction sud ouest, puis des cairns, menant aux rappels de « Série Limitée ». Ceux ci nous posent presque au pied de la voie!

1ière ascension : Patrick Cordier, Lothar Mauch, Patrice Richard et Patrice Bodin, en aout 1968.

Difficulté: ED; 6b+ ou 6a+ très obligatoire en L2 et L3; A2 « facile ». 300 mètres.

Matériel: Friends 0.5 au 3, câblés (nombreux petits!), sangles, éventuellement marteau et quelques clous (lames), dégaines en masse plus 10 mousquetons simples pour L9 (ou récupérer!). Etrier confortable.

Merci à Aurel Bessot pour les deux premières photos!

La paroi du Duc

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