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La Demande

La demande est l’une des voies les plus mythique d’Europe, car elle est la première voie ouverte sur la grande paroi de l’Escalès. L’escalade dans le Verdon s’est d’abord développée en périphérie (falaises au dessus Moustier, Cadières de Brandis, et falaises dominant la sortie des gorges comme Saint Maurin), sur des falaises souvent loin au dessus le fond du canyon.

On attribue la première voie du Verdon à l’équipe Parisienne qui, suite à un siège, ouvrit la superbe voie « les Enragés« , qui comporte plusieurs longues sections d’escalade artificielle. Cette voie franchit impressionnante paroi du Duc, qui marque l’entrée des gorges.

La Demande a été ouverte quelques mois plus tard, en 19678. La ligne est évidente, elle suit de bas en haut une fissure unique, visible de très loin. Malgré sa difficulté (VI), son ampleur et son exposition, elle va très vite devenir une grande classique. Bien que l’escalade soit soutenue, les cheminées finales constituent les longueurs les plus marquantes. Elles contribueront à renforcer la légende de la Demande.

Paroi de l'Escalès - La Demande suit la fissure continue légèrement sur la gauche, longeant l’impressionnant pilier lisse, compact et blanc.

Paroi de l’Escalès – La Demande suit la fissure continue légèrement sur la gauche, longeant l’impressionnant pilier lisse, compact et blanc.

La voie a été rééquipée dans les années 80, pour plusieurs raisons. L’équipement, auparavant à base de pitons, dégradait régulièrement les fissures, et l’on souhaitait permettre le parcours des lignes historiques à davantage de grimpeurs. Malgré cet équipement partiel, la voie a gardé sa réputation, et continue de terroriser les grimpeurs. Pourtant, les cotations annoncées sont devenues banales, sans oublier que les cheminées finales étaient cotées auparavant IV+. Comment expliquer alors que régulièrement de forts grimpeurs prennent un but dans cette ligne?

Tout d’abord, le style de cette voie est particulier. Même si les longueurs sont très variées, la grimpe est soutenue en vieux V+, dans un style assez désuet. Rare sont les grimpeurs modernes adeptes de fissures larges et cheminées. Le niveau des grimpeurs moyens dans ce style a probablement régressé en cinquante ans, par manque d’habitude (dans d’autres styles, comme le dévers, le niveau a explosé vers le haut depuis). De plus, les cotations se sont également vues remontées à la hausse: alors que le V+ d’antan était une cotation sérieuse, ce grade a été sérieusement dévalué dans les salles d’escalade et les sites école, et cela peut fausser considérablement les estimations. De nombreux grimpeurs manquant d’expérience en terrain engagé et en fissure ont sous estimé ces vieilles cotations et se sont retrouvés en difficulté. L’équipement actuel est encore « incomplet » et il n’est pas rare de grimper 5 bons mètres entre les points. La demande, ce n’est pas une voie d’initiation!

La voie est désormais patinée, ce qui ne simplifie en rien son escalade. Cependant, celle ci est principalement présente dans le bas, et n’est pas particulièrement gênante dans le haut de l’itinéraire. La première longueur est ainsi très surprenante, mais il faut garder en tête que plus tard, cela ira mieux!

Même si le style de cette voie a beaucoup vieilli, elle reste quand même à faire absolument par tout passionné d’histoire de l’escalade et du rocher verdon. Voici une petite description de la voie, longueur par longueur:

L’accès le plus rapide désormais est par la nouvelle ligne de rappels « jardin secret« . Elle suit presque El Topo, est rapide et hyper gazeuse. A éviter si l’on est sujet au vertige (ou à recommander pour en guérir!). Sinon, on peut toujours y accéder par le Sentier Martel ou les rappels du jardin des écureuils.

La nouvelle ligne de rappels "jardin secret". Terrible!

La nouvelle ligne de rappels « jardin secret ». Terrible!

Le départ s’effectue sur un pilier fissuré, à la base de la grande fissure très caractéristique de la Demande.

Début des cheminées mythiques

Début des cheminées mythiques

L1: 6a; Très patiné, un pas dur dans le premier dièdre puis cela déroule.

L2: 5c; Ne pas partir droit au dessus le relais, mais commencer par traverser à gauche puis remonter un court mur. Suite en fissure, agréable. Relais facultatif.

L3: 6a; Fissure raide à bonnes prises, physique au début.

L4: 5c; Fissure dièdre, engagé et patiné, toutefois agréable. Relais à droite.

L5: 6a; Remonter un beau pilier, puis traverser à gauche à son sommet, franchir un court surplomb et remonter la fissure qui le domine jusqu’au relais, passage plus difficile en dalle.

L6: 5c; Une succession de dièdres et fissures. Relais à droite dans une mini baume.

L7: 5c; Du relais, traverser à gauche pour récupérer la fissure large, puis éviter le laminoir par un crochet à droite en dalle.

L8: 6a; Du relais, traverser franchement en ascendance à droite (ne pas se diriger vers les pitons dominant le relais!), remonter un beau dièdre et revenir à gauche après un court surplomb.

L9: 5b; Tout droit dans le dièdre, escalade raide et plaisante.

L10: 5c; On entre enfin dans les cheminées! Escalade en opposition pieds/dos, un pas un peu plus difficile au milieu.

L11: 5c; Poursuivre cette cheminée, passer l’arbre. Superbe!

L12: 5c; Remonter le dièdre (attention, le cade ne semble pas exceptionnellement solide!), passer un relais facultatif et sortir au mieux. Encore une très belle longueur!

Dans les cheminées de sortie

Dans les cheminées de sortie

Retour très aisé en cinq minutes. Vive le Verdon!

ière ascension: F. Guillot, J. Coquegnot, automne 1968.

Difficulté: TD, 6a, 5c très obligatoire. Escalade atypique et potentiellement surprenante. 300 mètres.

Matériel: La voie est partiellement équipée (très engagée voir parfois exposée). Quatre friends du 0.5 au 2 et un jeu de câblés sont nécessaires.

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