Geremiade est l’une des grandes classiques de l’aiguille d’Orny : des sommets dominant la cabane même, cette aiguille est la plus belle, la plus élancée. Un pilier raide est parcouru de plusieurs voies, défiant presque le mythique Petit Clocher du Portalet, en face. Les autres voies sont soit d’un niveau bien inférieures et en style classique, soit moins homogènes. Parfois, elle se croise et il faudra faire attention à bien suivre l’itinéraire.
Geremiade est désormais une grande voie sportive entièrement équipée dans un cadre sauvage et magnifique, sans doute l’un des plus beaux du massif. Auparavant, la voie se prêtait parfaitement à une « initiation TA ». Personnellement, je regrette toujours ces aseptisations qui éloignent le grimpeur de l’autonomie et transforment les endroits un poil reculés en sites sportifs. Ces itinéraires étaient pourtant idéaux pour apprendre à devenir alpiniste. Cela permet toutefois à ceux qui n’ont pas pu s’offrir deux jeux de coinceurs de profiter de la montagne mais ce n’étaient pas les goujons qui manquaient autour de la cabane d’Orny… Malgré un regain d’intérêt, l’escalade traditionnelle a encore perdu pas mal de terrain cette dernière décénnie… Pourquoi réequiper des itinéraires traditionnels plutôt que d’en ouvrir de nouveaux dans un style différent ? Pourquoi ne peux t-on pas respecter la variété des pratiques ?
Goujons ou non, la voie mérite tout à fait d’être parcourue. Le granit y est ici magnifique (comme dans la plupart des secteurs du massif !), et l’on grimpe principalement en fissures « locales », avec quelques dalles qui viennent ajouter de la variété dans cette jolie voie. L’accès et le retour sont des plus évidents, et passer plusieurs jours à la cabane d’Orny est une excellente idée : on profite du confort dans ce cadre exceptionnel, et l’on pourra enchainer chaque jour une nouvelle voie sur un nouveau sommet, ou même effectuer la drôle de « traversée avec retour », au dessus du lac. Ou de rêver à la plus belle paroi du coin, face à vous, cette formidable aiguille qu’est le Petit Clocher du Portalet, qu possède désormais des voies abordables… Une belle façon de pratiquer la haute montagne !
1ière ascension : Lucien Abbet, Laurent Monnet et 1987
Difficulté : TD-; 6a, 5c obligatoire; 250 mètres
Matériel : Quelques coinceurs, matériel grande voie équipée
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