vertical pirate

Moniteur d'escalade Calanques, Sainte Victoire et provence, pour l'abordage des falaises et autres aventures verticales ! En méditerranée et au delà …

… Et une fille

Alors que nous ne nous étions pas croisés depuis plusieurs mois, Bernard, accompagné de Laurence, me propose d’aller voir une ligne qu’il a repérée à la Sainte Victoire, dans la face sud-est de l’aiguille des Gadz’arts. C’est en répétant la 2G (apportant alors des précisions sur les voies « 2G » et « Pinte Agantée », où la séparation entre les deux restait floue) qu’il a vu cette jolie ligne de fissure. Rendez-vous pris le lundi 5 avril, initialement réservé pour un petit tour dans les Calanques, malheureusement situées à plus que 10 kilomètres de nos domiciles…

Première longueur

Après une courte approche durant laquelle Bernard tente de me situer la voie sans trop de succès (comme d’habitude je ne comprends pas grand chose, regarde les mauvaises fissures et me trompe d’arbres – ceci dit, j’aurais pu réviser la veille les emplacements de voies de ce secteur) nous arrivons au pénible mais court pierrier qui mène au départ, pierrier que l’on remonte gaiement en rigolant de je ne sais plus quel ami de Bernard qui oublie toujours son matériel, et j’en profite pour raconter mes récents déboires, m’entrainant dans des voies à Canaille ou dans la Sainte Baume sans mes chaussons. Arrivés au pied, nous défaisons nos sacs… Et Bernard réalise qu’il a oublié son baudrier ! (mais il a ses peaux de phoques de ski qu’il avait justement oubliées le week end précédent, pour aller au ski, pas à la Sainte). On rigole assez vite de cette « Archibalderie » et je suis très content de constater que cela n’arrive pas qu’à moi ! Je lui prête mon baudrier et je m’en confectionne un avec une sangle de 180 centimètres, et une plus courte, reproduisant un baudrier intégral au non confort inégalable.

Bernard en seconde longueur, sous le bombé

C’est donc avec zéro spit, un casque, deux baudriers, deux descendeurs pour trois grimpeurs que nous commençâmes l’aventure (nous n’avons pas laissée Laurence ramasser des fleurs au pied de la voie comme suggéré, ce qui aurait été dommage car des fleurs, il y en avait probablement plus encore dans la voie). Une première longueur de 65 mètres protégée par 3 ou 4 points nous dépose au pied des difficultés, à droite du fameux éboulement séparant les voies. Les choses sérieuses commencent, Bernard repart et en direction d’un bombé inquiétant vu du bas, qui constitue pourtant la seule possibilité de contourner par la droite l’éboulement. Par une escalade raide et bien prisue, il passe ce surplomb pour arriver dans des zones de dalles, et par une traversée ascendante à gauche, délicate, rejoint la fissure convoitée, puis un arbre de relais. Pour Laurence et moi le passage, ainsi nettoyé des herbes et nombreux cailloux posés en équilibre, sera probablement plus facile, même si Laurence, se trouvant trop chargée, s’est permise de le délester d’un friend, qui tomba au premier relais, mais qui ne manquera pas à la fin dans le tri du matériel : un immense mystère !

Quatrième longueur

Troisième longueur, Bernard repart en tête pour l’ascension de cette fissure visiblement horticole qu’il nettoiera fort convenablement pour une fois de plus proposer à ses deux seconds une belle escalade en fissure. Dans le haut, il contourne avec soin deux grosses écailles dangereusement posées, et pour l’occasion ce sera Laurence qui fera le ménage, éliminant ainsi le plus gros des deux blocs, accélérant ainsi nettement l’érosion de notre paroi. Le relais, sur deux pitons pourvu d’une maigre marche aurait presque été confortable avec un baudrier.

La quatrième longueur et dernière de la voie, est toujours aussi sympa, constituée d’un joli mur gris fissuré barré d’un petit surplomb. Il faut faire un choix, car juste à gauche c’est la G2, à peine plus loin à droite c’est Orange Oblique. Bernard trouve l’option la plus logique en venant buter contre ce petit toit, puis par une vire alors très boisée, composée de mauvais cailloux brisés (ça, c’était avant notre passage !), rejoint la ligne de droite. Une dernière longueur, commune avec les autres sorties, facile et banale, nous amène au sommet de l’aiguille, ou presque. Sans traîner davantage, on avale rapidement la descente pour profiter de l’apéro au parking !

Encore merci à Laurence et Bernard pour cette journée et cette voie que j’ai trouvée jolie et agréable après le nettoyage intensif de Bernard, et, malgré quelques zones un peu herbeuses je la recommande ! Je conseille toutefois de se méfier des cotations fallacieuses…

La mode des baudriers ultra-light

Pour finir, une petite explication sur le nom (en reprenant mot à mot l’explication de Bernard) : « Le nom ? Ben, les « 2G », ça fait référence au café « Les Deux Garçons » du cours Mirabeau (aussi bien sûr parce que les deux ouvreurs se prénomment Gérard) et là, eh bien, il y avait une fille en plus des deux garçons… »

Et, dans le même style de plagiat, un topo longueur par longueur :

L1 : 4c, 65 mètres; Partir du plus bas de la grande dalle grise et la remonter à peu près directement jusqu’à un bouquet d’arbres.

L2 : 6a, 45 mètres; Contourner l’éboulement par la droite et revenir à gauche par des écailles jusqu’à l’aplomb du second gros arbre de la face dans lequel on fait relais.

L3 : 5b+, 30 mètres; Continuer dans le dièdre au-dessus, traverser à gauche quand il se bouche.

L4 : 5c+, 35 mètres; Droit au-dessus, puis en oblique à droite pour rejoindre une vire que l’on suit vers la droite. Relais sur arbre un peu au-dessus de la vire.

L5 : 4c, 60 mètres; Un peu à gauche puis au mieux, on rejoint la sortie des autres voies du secteur.

Le topo !

1ière ascension : Laurence Raith, Bernard Pégourié (leader fixe) et Nicolas Gay, le 05/04/2021. Pour l’anecdote, sacrée Pâques puisque j’ai retrouvé une de mes huit poules (Franky) chez ma voisine, disparue depuis plusieurs jours (la poule, pas la voisine), et en train de couver pas moins de 14 œufs pourris. Drôle de chasse, pour une journée finalement campagnarde.

Difficulté : TD-; 6a, 220 mètres

Matériel : Friends des micros au 3 en doublant les tailles moyennes, câblés, pitons cornières et lames épaisses, sangles, matériel grande voie équipée

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