Sortant à l’Aiguille du Midi du téléphérique, n’importe quel visiteur devrait avoir le souffle coupé devant un tel spectacle. Face à lui se dresse le sommet de l’Europe occidentale, épaulé de magnifiques sommets neigeux. En toile de fond, les Jorasses, puis encore derrière le Cervin… Mais personne ne regarde en face les trois ridicules pointes à gauche du Tacul tant leur proéminence est faible. Pourtant, une course d’initiation traversant les trois pointes permet de se familiariser avec l’escalade mixte mais face aux géants le manque d’ampleur est bien frustrant. Je ne sais même pas si auparavant de s’appeler Pointes Lachenal elles bénéficiaient d’un nom particulier. Mais celui actuel rend hommage à l’un des plus grands guides français, Louis Lachenal. Principalement connu pour avoir réalisé avec Maurice Herzog la première ascension de l’Annapurna en 1950, première ascension certaine à l’heure actuelle d’un sommet de plus de 8000 mètres (on ne peut pas renier avec certitude l’ascension de l’Everest en 1924 par Mallory et Irvin), sa carrière fut nettement plus riche que cette expédition où il se fit lâchement voler la vedette par Herzog.

Fort malheureusement, Louis Lachenal, alors occupé à regarder le paysage, tomba dans une crevasse en descendant à ski la Vallée Blanche, itinéraire pourtant très facile, dans une crevasse et se tua ainsi. Peut-être regardait il les magnifiques parois du versant sud de ces montagnes qui deviendraient pour cela les siennes ? Avait-il même repéré une ligne ?

De nombreuses voies parcourent aujourd’hui cette formidable face, insoupçonnable depuis l’Aiguille. La plus classique et la première de la paroi est la Contamine (encore !), et qui reste une des plus faciles, remontant le pilier est. Elle parcours une ligne de fissures particulièrement évidentes, se connectant de bas en haut. L’escalade est aussi belle que dans la proche Rebuffat à l’Aiguille, un léger cran au dessus tout de même. Comme dans presque toutes les voies du secteur, elle se protège en général très facilement. Seule la sur-frequentation apporte une touche (très) négative à ce secteur, et il ne faudra évidemment pas hésiter à changer d’objectif si une procession est déjà en place dans la voie…

Accès :

De l’Aiguille du Midi descendre la Vallée Blanche et ainsi contourner les Pointes Lachenal. Repérer le pilier Est de la face centrale (la seconde, et non la première rencontrée main droite, plus courte, que l’on longe), évident. La voie démarre par une fissure partant d’une plate forme à droite d’un dièdre.

L1 : 5b; Fissure.

L2 : 5b; Rejoindre à gauche une fissure large et poursuivre par une zone plus facile. Ne pas s’arrêter au premier relais chaîné mais rejoindre un dièdre à droite.

L3 : 5b; Passer la vire et rejoindre une fissure à droite de la fissure large évidente.

L4 : 4c; Poursuivre par l’arête jusqu’à une large vire.

L5 : 6a+ gentil; Tirer à gauche pour remonter une fissure magnifique rayant un beau mur raide partiellement équipée de pitons.

L6 : 6a+ facile; On poursuit la même ligne sortant de ce mur raide. Éviter le relais facultatif et poursuivre encore quelques mètres.

L7 : 4b; An plus facile (tout droit), relais légèrement à droite.

L8 : 4b; Au plus facile, en ascendance à gauche. Dernier relais de rappel sous l’arête sommitale.

Descente : Soit en rappels à gauche de la voie, soit par la face nord (rappel possible si en glace). Plus commode mais il faut porter le matériel.

1iere ascension : André Contamine, Pierre Labrunie, Robert Wohlschlag le 30 août 1959

Difficulté : TD; 6a+, 6a obligatoire; 200 mètres

Matériel : Friends du 0,3 au 3 en doublant quelques tailles moyennes, câblés, matériel grande voie équipée

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