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Aiguille du Peigne – Pilier Rebuffat

aiguille du peine chamonix

Le pilier se dresse dans le ciel à droite

Une classique peu courue, sur un sommet pourtant emblématique, voilà ce qu’est le pilier Nord Ouest, ou Pilier Rebuffat, à l’aiguille du Peigne (3192 mètres). Pourtant, la magnifique fissure qui constitue le passage clé de cette ascension est visible de loin, peut être même depuis le plan de l’aiguille, pour ceux qui savent où chercher. Mais cette fissure n’est qu’une partie de cette voie, suivant un pilier aérien et esthétique. Dans cette aiguille, les voies se croisent et se décroisent souvent avec peu de logique, mais ce n’est pas le cas ici : la voie est raide, droite, évidente. Même si plusieurs variantes sont possibles, on suit un itinéraire on ne peut plus logique, pour gravir l’un des systèmes de fissures les plus classes du coin.

Cette ascension, comme bien d’autres autour du plan de l’aiguille, présente rapidement un paradoxe au grimpeur : à peine sortons nous du télécabine de l’aiguille du midi que nous nous retrouvons, après moins d’une heure de marche, devant le rocher. La haute montagne, clé en main. Pas loin des infrastructures bruyantes, et directement au dessus Chamonix. Un environnement qui nous empêcherait de ressentir l’isolement, de se retrouver en pleine nature… Ou presque : une fois au pied, on trouve que la face n’a rien de mineur, Chamonix se fait discret et le télécabine presque oublier. D’autant plus que la voie, elle, n’est pas si débonnaire. Pour atteindre le pied, il faut déjà grimper 300 mètres car celle-ci démarre au dessus les vires de la voie normale, en plein milieu de l’aiguille du Peigne, pour un enchainement total de 600 mètres de grimpe, ce qui n’est pas rien. L’engagement n’est donc pas à sous estimer, d’autant plus que la voie ne se descend pas en rappels…

Les fissures magnifiques du Pilier Rebuffat

La voie elle-même n’est pas non plus la plus facile du quartier. Même si certains ouvreurs comme Michel Piola ont depuis fait plus dur depuis, mais avec l’usage de spits, le Pilier Rebuffat reste une très belle voie, qui devait être un vrai challenge à l’ouverture. Puisqu’elle n’est pas trop fréquentée et orientée nord-ouest, on y trouve pas mal de lichen et des blocs plus ou moins coincés dans les fissures. On ne suit pas non plus l’équipement en place, très rare (quelques pitons en tout), mais son instinct, dans ce pilier raide et fissuré. Car même si les fissures se connectent, certaines peuvent être plus dures que d’autres… Vous l’avez compris, le pilier Rebuffat est un itinéraire plus sérieux que des voies comme « Amazonia » ou « le marchand de sable » à l’envers des aiguilles, plus aventureux mais à faire en priorité pour les amateurs d’itinéraires granitiques longs et historiques.

Belle ambiance dans le Pilier Rebuffat. En toile de fond, le lac bleu, le Plan de l’Aiguille et Chamonix

L’approche :

On accède au pied de la voie soit par la voie normale (paumatoire, mais faudra bien descendre par là), soit par l’arête des Papillons (ou des itinéraires voisins de ceux-ci). On contourne par la droite le Gendarme 3009, on remonte le couloir le dominant, jusqu’à une brèche située à son amont. Lorsque le couloir se couche, au dessus du gendarme, on vire à gauche sur des vires dominées par des dalles fissurées, bien à l’aplomb du pilier caractérisé par le système de fissures évident parcouru par la voie.

L1 : 5a, 25 mètres; Plusieurs possibilités, du 5a au 6a pour cette première longueur. Remonter des dalles fissurées jusqu’à une grosse terrasse évidente. Relais sur deux pitons.

L2 : 6a, mètres; Dièdre en oblique à gauche (piton), suivi d’un réta pas commode puis d’une traversée fine à droite. Variante en rocher moyen à droite, plus direct. Relais sur sangles.

L3 : 6a, 40 mètres; Superbe fissure (à gauche), large sur la fin, pourvue de blocs coincés plus ou moins douteux. Variante également à droite. Relais à construire à gauche d’un gros bloc sanglé.

L4 : 6c, 35 mètres; Superbe fissure à doigts à gauche, la même en moins soutenue à droite (6b+, un piton un friend coincés, bien rejoindre la fissure de gauche ensuite, ou gros combat pour sortir ensuite à droite!). Fin plus facile et relais proche du fil du pilier à gauche.

L5 : 5c, 50 mètres; Rejoindre une terrasse au dessus le relais puis remonter une fissure large (piton) pour rejoindre une large vire (relais intermédiaire envisageable). Relais à gauche de la vire avant de remonter sur celle au-dessus. On quitte alors le pilier et l’on rejoint des itinéraires plus anciens.

L6 : 3b, 40 mètres; Rejoindre la vire supérieure.

L7 : 3b, 15 mètres; Soit remonter directement la fissure raide au-dessus la vire (6b), soit remonter la rampe évidente à droite.

L8 : 5c, 45 mètres. Fissure oblique à gauche (historique, la fissure Lepiney, que Rebuffat franchissait debout, avis aux amateurs, initialement cotée 3+…), puis fissure droit au dessus (spit), avant de tirer à gauche pour rejoindre l’arête nord (relais possible). On sort ensuite au sommet (piton).

Descente : Par la voie normale du Peigne (rappels jusqu’à la brèche 3043).

Première ascension : Gaston Rebuffat, Robert Mazars, le 16 aout 1967

Difficulté : TD+ pas volé, 6c ou 6b/A1; 300 mètres pour la voie, 600 mètres au total

Matériel : Friends 0.4 au 4 (conseillé), doubler les petites et moyennes tailles, câblés, sangles, marteau/pitons en cas, matériel grande voie et alpinisme rocheux classique

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