Sans doute la voie la plus célèbre du massif ! Cet itinéraire possède une réputation amplement mérité, tant il est élégant. De plus, son histoire participe à sa légende. Autrefois, il n’y avait pas le téléphérique de l’Aiguille du Midi, cette facette oubliée ne représentait à priori pas d’intérêt majeur pour les alpinistes cherchant encore les grandes faces vierges. Pourtant, elle a attiré l’œil de Gaston Rébuffat, un des meilleurs grimpeurs de sa génération. Il aurait pu être davantage célèbre pour ses grands exploits, comme sa participation à l’expédition de l’Annapurna, ou la première ascension des six faces nord les plus dures des Alpes, mais c’est avec ce genre de voie qu’il restera dans la postérité : il y décrit ici un alpinisme plaisir, loin des dangers de la très haute montagne. Cette voie fut, dans son style, pionnière de « l’escalade sportive en haute montagne »! Mais les difficultés sont réelles, surtout pour l’époque, et il faudra deux tentatives, et le premier gollot planté dans le massif, pour arriver en haut de cette courte flèche de granit parfait !

Depuis, l’ambiance a bien changé. On y accède en moins d’une demi-heure, puis l’on se bouscule dans la voie pour en découvrir les passages mythiques, dont la fissure en S, mais également les autres longueurs qui sont, il est vrai, toutes plus belles les unes que les autres (même si le tracé a évolué depuis la première ascension !). L’itinéraire souffre totalement d’hyper-fréquentation, et cela est un peu dommage car des voisines sont à peine plus dures…

Il aurait sans doute fallu mettre ce si beau granit dans un massif encore épargné du succès crée par le soit disant toit de l’Europe pour en profiter pleinement, mais c’est également un plaisir que de faire ces voies dans ce cadre haute montagne à la demi-journée ! La Baquet-Rébuffat est ainsi pour de nombreux alpinistes une étape qui marque une certaine progression, avant de s’attaquer à des projets enfin sérieux… Et, si ce n’est le bruit incessant des avions et hélicoptères vous saurez trouver des endroits plus sauvages dans ce massif au rocher parfait…

Au sommet, soyez prêts pour la photo prise par les touristes depuis « le point de vue Rébuffat » – sensation de star garantie ! C’est toujours rigolo d’échanger avec des non connaisseurs, et de constater le décalage entre leur vision et la nôtre, car lorsque l’on a grimpé presque toute sa vie, escalader à mains nues ces cailloux nous semble pourtant bien naturel !

1ière ascension : Maurice Baquet, Gaston Rébuffat, le 13 juillet 1956

Difficulté : TD; 6a; II; 180 mètres

Matériel : Friends du 0,3 au 3 en doublant éventuellement les 0,5 – 0,75 et 1; câblés, sangles, matériel grande voie équipée

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