En amont des voies devenues classiques depuis des décennies presque quotidiennement parcourues des Malines sommeillait un grand mur presque oublié. Nous sommes déjà loin des systèmes de fissures continus et des cheminées franches du secteur de l’arête du Belvédère, et les quelques voies qui étaient auparavant tracées ici ne devaient pas avoir une fréquentation exceptionnelles. Détournées, végétales ou en artif, certaines n’ont pas dû être beaucoup répétées. L’une des plus belles, et à la fois des plus dures, était « La J.P. Gaffard » (Patrick Berault, Michel Dufranc, rien qu’eux!). Elle fut certes reprise après son l’équipement de sa petite sœur par deux grimpeurs Marseillais, mais c’est à mon avis assez anecdotique. En 2011, une nouvelle voie, la reprenant en partie, a été équipée. « Les fils de l’altère et du pan » allait passer pour l’une des plus belles voies des gorges.
En effet, il est dommage que la voie parasite une longueur clé de la voie Berault-Dufranc, car c’est bien là son défaut principal. Mais les grimpeurs qui auraient eu le niveau de la parcourir sont rares, et nombreux sont ceux qui se font réellement plaisir dans la voie récente. C’est un peu
dommage car cela bouille une petite page d’histoire, mais à part le passage clé de la première voie, on peut encore la parcourir comme avant. Et longer une voie traditionnelle ouverte par Berault, cela fait réfléchir : sa voie fait franchement peur!
Actuellement, la voie « les fils de l’altère et du pan » est une des plus belles des gorges du Verdon. On y trouve des longueurs aussi esthétiques que variées, et l’équipement est bien pensé. Tous les styles sont représentés dans cette voie homogène, raide et aérienne. Et quitte à parler d’histoire de l’escalade, remarquons que le nom de la voie est assez évocateur : en 1984, les frères Menestrel on crée « les fils de la terre et du vent », 7b+ majeur et particulièrement engagé au jardin des bananes, voie complétée par Sylvain Maurin en 2008. Un rapport?
Accès : Descente classique des Malines (facile mais exposée), longer la paroi vers l’amont. Passer le secteur « l’âme fatale », marqué par une impressionnante lame au sommet et bordé à droite par un impressionnant dévers. Le départ se trouve un peu à droite, plaquettes, sente à travers les buis.
L1 : 6a+; Fissure jaune raide, un pas au départ, pas le plus intéressant de la voie.
L2 : 6b+; Départ valorisant sur bonnes prises qui ne restent pas, pour laisser place à une jolie traversée à droite sur gouttes d’eau.
L3 : 6c; Grande longueur technique, sur petites prises où la prise de décision sera décisive! Ne pas s’arrêter au premier relais et aller au second , quatre mètres plus haut.
L4 : 6b+; Nouvelle grande longueur, avec un départ plus technique sur un rocher gris qui se redresse en formant un dièdre fissuré pour changer de couleur au fur et à mesure.
L5 : 6b; Longueur plus courte, avec un pas en dalle. Relais bien à droite, attention à ne pas tirer tout droit (on s’est tous fait avoir!)
L6 : 6b+; Un pas au départ en traversée à droite puis tout droit dans de bonnes prises, jouissif!
L7 : 6a+; Surplomb physique au départ puis longueur à nouveau plus technique. Ca commence à faire mal aux pieds…
L8 : 6b+; Belle longueur variée, fissure, dièdre puis surplomb, de bonnes prises!
L9 : 6b+; Un dernier surplomb stratifié moins dur qu’il n’y parait! Plein gaz avec de bonnes prises. On ne resterait pas là?
Retour : remonter au mieux jusqu’à la route.
Equipement : Pascal Faudou en 2011
Difficulté : ED-; 6c, 6b obligatoire; 250 mètres
Matériel : Grande voie équipée
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