L’Igloo – Troglo est une vieille voie quelques peu oubliée du Verdon, remontant une falaise discrète sous le chalet de la Maline. Quelques voies récentes la dépoussièrent, mais la partie gauche de ce mini secteur ne doit pas voir passer beaucoup de monde. L’accès n’y est pas évident, et les itinéraires en fissure semblent démodés. L’Igloo – Troglo, ouverte alors par des grands noms du Verdon, Guyomar et Gorgeon (la seule voie ainsi signée d’ailleurs, voir le très beau livre « Une vie à grimper » de Bernard Gorgeon), aux cotations peu impressionnantes – IV+/V dans le vieux topo Lucchesi, seul topo alors vraiment correct me faisait envie depuis déjà quelques temps. Je me doutais bien qu’il faudrait s’appliquer, car les voies Guyomar possèdent parfois des cotations basses mais sont toujours belles et grimpantes.

Tout d’abord, il a fallu retrouver le départ ! Si le vieux topo dessine le départ depuis le bas, il n’est plus que vaguement mentionné. Heureusement, Bernard mon compagnon du jour avait déjà fait un repérage et la fissure de la partie supérieure est vraiment évidente, et cela aide clairement à s’orienter. Bien qu’au tracé évident, la première longueur s’est fait reconquérir par du lierre, que nous avons évité par une très jolie longueur un peu à droite. Ensuite, l’itinéraire est très clair mais le topo très approximatif, tant sur le tracé, que sur les cotations et les emplacements de relais.

C’est alors un régal (pour celui qui aime!) de fissures larges en tous genres. On alterne des dièdres, off widths, laminoirs et cheminées, avec un ou deux rares passages en dalle ou fissure à main. C’est une très belle voie pour se perfectionner au style, d’autant plus que dans les gorges du Verdon les voies de ce type sont nombreuses et parfois mythiques, comme ULA, la Demande, l’Estamporanée, les Barjots, le Bec de Lièvre, et bien d’autres encore, ce qui est rare pour un site calcaire. Ce style très exigeant et douloureux possède ses adeptes, alors que d’autres grimpeurs en ont peur et ne veulent même pas en entendre parler.

Enfin, la voie se prolonge un peu plus loin que ce qui est décrit dans les derniers topos (sauf si vous souhaitez éternellement rester sur le jardin supérieur). Un dernier ressaut a été oublié, initialement côté IV+/V. Il s’agirait du dièdre court dominé d’un genévrier puis d’un couloir à la biodiversité certaine. On peut aussi sortir plus à gauche par Sac Toufua T’es Où (dans le dernier topo noté Sactoufuztestu….), une cheminée facile cotée 4c, mais vous ne vous échapperez pas si facilement à pied!

Pour finir, un début de rééquipement a eu lieu et est visible dans la dernière cheminée, empruntant auparavant la voie Wamblimolé, en dénaturant donc deux itinéraires d’un coup. Ce genre d’action est difficile à comprendre car avec ses jardins et son escalade type baston, ce genre d’itinéraire ne pourra jamais devenir à la mode et son intérêt réside surtout dans son côté sauvage. Ce ne sont par ailleurs vraiment pas les belles voies en tous styles équipées qui manquent dans la région, il est dommage une fois de plus de vouloir aseptiser les rares voies jolies sur coinceurs et ainsi de vouloir toujours tout homogénéiser. C’est un bel itinéraire sur coinceurs et les deux seuls points mis sont à côté d’une fissure puis d’une lunule…

Approche : du chalet de la Maline, rejoindre en rive droite la passerelle de l’Estellier. Poursuivre alors par une sente au dessus en longeant la falaise par une vire. Descendre par un couloir pour longer l’ensemble de la falaise par le bas. On repère facilement la ligne vue du bas. Le départ est sur un pilier dans une fissure encombrée de lierre.

Nous sommes partis à droite du pilier par un dièdre évident.

Les cotations sont données suivent mon ressenti en prenant en compte que dans ce style elles seront nettement plus sévères que dans des itinéraires modernes. Celles initiales sont notées entre parenthèse. Les relais ne correspondent pas aux topos.

L1 : 5b (Départ plus à droite évitant le lierre); dièdre fissure large à l’aplomb d’un chêne. Relais sur celui ci ou un peu plus loin sur la vire (50 mètres).

L2 : 5b (IV+); Dièdre évasé à l’aplomb, un piton.

Transition en marchant environ 30 mètres en ascendance à gauche dans le jardin, on se repère grâce à la fissure au dessus, relais sous une fissure large encombrée.

L3 : 6a (Variante à gauche du tracé original, moins végétale); remonter ce dièdre fissure encombré puis traverser à droite (technique, prises franches) jusqu’à l’aplomb de la fissure que l’on remonte de quelques mètres. Relais sur coinceurs dans la fissure.

L4 : 5c (Suite de la variante précédente – on rejoint à la fin venant de la droite la fin de la troisième longueur initiale); Poursuivre cette fissure à main, passer le petit jardin et faire relais au pied de la prochaine fissure, évidente.

L5 : 5b (IV); Fissure off width et laminoir, magnifique. Relais dans une alcôve.

L6 : 5b+ (IV+/V); Suite de cette fissure, large mais plus extérieure. Relais dans le jardin.

L7 : 2 (II); Remonter le fond de cheminée. Relais sur un bloc au pied des difficultés, dans un endroit frais et profondément situé dans la paroi. D’où le nom de la voie?

L8 : 4b (III/IV); Superbe cheminée déversante avec deux goujons inutiles.

L9 : (IV+/V); Court mur raide puis couloir bucolique.

On peut aussi sortir à gauche par une cheminée facile (4c, Sacytoufua T’es Où) ou à droite de celle-ci la dernière longueur de Frodon et Archibald sèment la discorde (5c?).

Retour facile à pied.

Le topo de la voie

1iere ascension : Martine et Christian Guyomar, Bernard Gorgeon, en 1977. Deux variantes, une en première longueur, et une de deux longueurs remplaçant la troisième par deux petites proposent un parcours plus beau, moins vert et plus difficile. Bernard Pégourié et Nicolas Gay, le 10/10/2023

Difficulté : TD-; 5c; 230 mètres. Le rocher est excellent ! Des répétiteurs remontent toutefois le niveau à 6a+ (L3 moderne) et presque toutes les longueurs à 6a

Matériel : Friends (conseillés jusqu’au 4), câblés, sangles, matos grande voie équipée

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