Le Valgaudemar constitue la partie sud-ouest du massif des Ecrins. Des vallées sauvages et peu habitées pénètrent ce monde minéral relativement oublié des montagnards. Pourtant, les montagnes y sont belles et le rocher très agréable à grimper. Il s’agit d’un gneiss compact souvent difficile à protéger soi-même, d’où une abondance relative de voies équipées. Ours qui fouille est une superbe voie remontant le pilier du Nounours, bordant le mythique Olan. Cette voie est restée très peu équipée et elle reste ainsi assez sérieuse.
Nous avions choisi cet objectif pour un drôle de projet : avec Timothée, nous voulions à la fois prendre de l’altitude et dormir en portaledge. Je précise tout de suite que ces deux objectifs ne vont pas très bien ensemble car le transport du matériel est vite pénible ! Cela a au moins le mérite d’attirer l’attention et de permettre de tenter quelques blagues, comme celle-ci :
« Pétard, que vous êtes chargés, dites-moi ! Que comptez-vous faire ?
-Nous transportons notre pédalo (à tête de canard). Nous sommes des grands amateurs de ce sport !
-Ah oui, je vois, nous répond notre interlocuteur, il y a un lac superbe pour pratiquer au-dessus ! »
Sur le coup, nous pensions avoir rencontré le roi des naïfs. Ce n’est que lorsque nous avons réalisé qu’il n’y avait pas de lac plus haut que nous avons compris à quel point c’étaient nous les andouilles !
L’approche classique se fait donc en dormant au refuge, et continue avec une dernière heure et demi pénible le lendemain, finissant dans un pierrier.
L’attaque est simple à trouver, car on voit un goujon abîmé à gauche d’une dépression caractéristique.
La première longueur est plutôt aisée, avec un pas de 5b au milieu. Par contre l’espacement des points et surtout les points eux même ne donnent pas envie de tester la chute ! Nous n’aurons vu là qu’un unique relais, et non deux comme indiqué sur notre topo.
La seconde longueur commence par contourner le petit toit qui domine le premier relais, pour ensuite franchir une dalle fracturée. 4c.
Attention, le topo Valgaudemar est faux en ce qui concerne l’emplacement du second relais et donc le cheminement de la troisième longueur. Il faut effectivement franchir le petit toit humide et repoussant en haut) droite, donnant accès à une dalle moins difficile que prévue. 5c.
La quatrième longueur ne laisse aucun doute : à droite, on remonte le très joli dièdre pour une courte longueur. 5b.
Dans son prolongement, la sixième longueur achève ce dièdre magnifique, avec un pas plus dur au milieu (6a). On arrive alors à une vire confortable sous la longueur clé.
Septième longueur, le crux : un dièdre jaune et rouge bien fissuré se laisse d’abord aisément gravir pour être de plus en plus soutenu. Sur la fin, un pas de 6c ou A0+ se joue sur petites prises. Très beau !
La huitième longueur part en ascendance à gauche, par un système de rampe, puis remonte un dièdre raide au début. 5c, les erreurs d’itinéraire y sont fréquentes.
Neuvième longueur, un 4c raide ! Il faut ouvrir l’œil pour franchir au plus simple un petit surplomb récalcitrant.
Dixième longueur, on suit une rampe plus ou moins marquée en ascendance à gauche jusqu’à rejoindre un dièdre que l’on remonte. 5b.
La onzième longueur remonte également un dièdre assez évident à gauche. Le relais est situé sur la droite de celui-ci. 5b.
La douzième et dernière longueur est en ascendance à droite, dans du terrain à première vue pas très enthousiasmant. Attention à ne pas aller s’aventurer vers la gauche !
On arrive à un relais, d’où partent les rappels dans la voie.
1ière ascension : J. et P. Vincent, R. Molinatti en aout 1982
Difficulté : TD+ ; III ; 6c max, 6a obligatoire. 350 mètres.
Matériel : Classique terrain d’aventure. Les relais sont équipés, et il y a en tout trois goujons dans les longueurs. Quelques pitons.
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