vertical pirate

Moniteur d'escalade Calanques, Sainte Victoire et provence, pour l'abordage des falaises et autres aventures verticales ! En méditerranée et au delà …

La De Gasquet

« Ma Chérie, demain on va au Devenson ! »

Oulala quel honneur. Ce secteur terrain d’av’ parmi les plus reculés des Calanques…

Le rendez-vous est fixé à 9h45 avec nos 2 acolytes (Bernard et Gary, que je ne connais pas encore) au parking de la Gardiole. Il fait beau. Il y a un peu (beaucoup) de vent, mais nous savons qu’une fois là-bas il n’y en aura plus.

Les falaises du Devenson - A gauche, nous devinons la ligne

Les falaises du Devenson – A gauche, nous devinons la ligne

« Vous savez, au lieu de tirer les rappels, nous pourrions descendre par le Petit Couloir, qu’est-ce que vous en pensez ? ». Et moi qui savait peu de choses encore de ce que cela représentait, j’ai simplement répondu « comme vous voulez, moi je suis ». Aie aie aie…

La randonnée fut fort agréable jusqu’au Col du Devenson. Arrivés en haut du Petit Couloir, nous sommes abandonnés par Gary, qui préfère observer notre progression depuis les crêtes. « Le veinard », pourrait-on se dire, mais avec ce Mistral, en fait, je ne suis pas sûre…

Nous empruntons les chaines, puis entamons la bartasse… Il fait chaud, dans la calanque, mais il n’est pas question d’ôter les manches longues, sous peine de se voir agresser par les branches basses, les chaines kermesse, les ronces, la salsepareille, la rue… grrrrrr…

Un itinéraire qui permet toutefois à mes compagnons, Nico et Bernard, de faire quelque repérages… Pendant que je grignote quelques Nounours multicolores pour me redonner un peu de peps.

La voie de la De Gasquet suit la rampe ascendante à droite

La voie de la De Gasquet suit la rampe ascendante à droite

A 14h45, nous parvenons enfin au pied de notre voie : la De Gasquet ! Nous avons donc marché plus de 4h pour enfin commencer à grimper. Cela illustre bien la pensée que je me faisais de l’endroit : le Devenson ça se mérite !

Charlotte dans la voie !

Charlotte dans la voie !

Bernard prend la tête de notre cordée.

La première longueur consistait principalement à ne pas assommer mon compagnon en second en lâchant sur sa tête l’une des nombreuses prises restées dans ma main en les agrippant (quand bien même le port du casque, ce n’est jamais très agréable).

La seconde longueur offre déjà un rocher de meilleure qualité.

La troisième longueur fut dantesque ! Si si, dantesque ! Après avoir enjamber un précipice, avec une possibilité de balancier qui ne faisait pas rêver, me voilà face à une abominable fissure déversante dans laquelle je ne parviens à rien coincer, pas même moi-même (et pourtant, à force de fréquenter Nico, j’aime bien ça, les fissures). Nico, me rejoint sur la vire, et me dit que je n’ai plus qu’à passer en grimpant sur ses épaules. What ??? (« Mais non c’est de la triche », voilà ce que mon esprit naïf a pensé à cet instant). Bon… Il faut s’y résoudre. Même avec toute la bonne volonté du monde, je ne passerai pas cette fissure sans aide… c’est donc Nico que j’ai escaladé ! Heureusement qu’il était là !

La dernière longueur nous porte au sommet de la voie ! Brousailleuse et douloureuse avec mes petits bras et mes mollets déjà bien écorchés. Je l’ai gravit avec la volonté d’en finir !

A peine la tête passée au-dessus de la crête que le vent s’est chargé de se rappelé à moi. Je l’avais presque oublié celui-là ! Il donnait l’impression de vouloir nous replonger dans le précipice duquel nous venions de sortir. En haut nous retrouvons Gary, qui, s’il ne nous entendait pas, nous observait tout du long.

17h. Il est temps de rejoindre la Gardiole. Nous voilà donc repartis pour quelques heures de marche, tous les quatre, contents. =) Je venais de faire mes premiers pas au Devenson.

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La De Gasquet est une voie historique, ouverte par Gaston Rebuffat et Joseph Bouisson, en 1940, nommée ainsi en l’hommage du jeune De Gasquet, tombé des crêtes, comme le rappelle également la croix sommitale. Il s’agit d’une voie sauvage, très peu fréquentée, avec un rocher variable, dans un cadre extra ordinaire. Le rare équipement en place ne doit pas être considéré comme fiable (pitons scellés), et le matériel de terrain d’aventure est indispensable à la sécurité.

Cette voie ne plaira pas à tout le monde, mais elle nous a ravis!

Dans le haut de la voie, du bon rocher

Dans le haut de la voie, du bon rocher