vertical pirate

Moniteur d'escalade Calanques, Sainte Victoire et provence, pour l'abordage des falaises et autres aventures verticales ! En méditerranée et au delà …

Les grandes traversées maritimes

Les Calanques constituent un massif concentré: du caillou, il y en a partout, et de toutes les qualités. Les grandes voies peuvent y être magnifiques. Cependant, elles ont souvent été initialement abordées en tant « qu’entrainement à l’alpinisme ». Du coup, selon des critères alpins, ces parois sont souvent trop petites car on sait s’en sortir en cinq ou six longueurs de corde. Certes, ces parois ne font que rarement plus de 200 mètres. Mais en les observant, on se rend vite compte que celles ci sont très très larges!

Les premières traversées auraient vues le jour au Devenson, pour accéder aux départs de voies très reculées. Avec la traversée du Baron, celles ci sont devenues un objectif en soi.

Le secteur le plus « maritime » des Calanques (où les falaises surplombent le plus la mer) est sans doute le Castelvieil. Ici, la paroi fait plusieurs kilomètres de large. Face complexe, le Castelvieil est parcourue par des systèmes de strates, offrant à la fois de larges vires mais également des zones de toits et surplombs horizontales marquées. Ici plus qu’ailleurs, les traversées au dessus de la mer ont un sens réel: une fois la traversée commencée, il faut la finir pour en sortir…

Le cadre du Castelvieil...

Le cadre de Castelvieil…

La traversée Ramon

La première traversée des falaises du Castelvieil est la traversée Ramon (ici les traversées se font de gauche à droite. Celle ci fut par ailleurs la première ouverte et reste la plus abordable, et elle est souvent parcourue en tant qu’accès à la traversée Sans Retour et aux voies de ce secteur).

A faire absolument dans ce niveau de difficulté, elle offre un dépaysement et une ambiance rares: un petit rappel ou desescalade dans un boyau (ambiance!) nous amène sur une vire assez boisée, et facile à traverser. Les passages de grimpe sont plutôt rares, mais fort esthétiques. Quelques goujons montrent l’itinéraire et permettent de ne pas angoisser en voyant les vagues se fracasser contre la paroi, cent mètres plus bas. Au milieu, un passage impressionnant en 4c impose la création de relais, ce qui change de la progression en corde tendue entre vires étroites et petits ressauts. Un bon apprentissage pour les manipes de corde! Perdus sur cette vire mais jamais en danger, le sentiment d’escalade isolée et l’imprégnation dans un superbe milieu naturel sont forts…

Le départ au trou du canon

Le départ au trou du canon

Au bout de cette grande vire, après 780 mètres de traversée, on a le choix: soit on continue… (voir suite!), soit on sort par le dièdre classique concluant la voie. Celui ci constitue peut être la passage le plus dur de la traversée, en 5a bien équipé, sur deux petites longueurs. Déjà une bien belle aventure pour une première visite! Sinon, on peut continuer la vire et passer l’angle, à droite de la face, tout au bout de la vire, pour trouver les rappels de la sans retour…

Difficulté: AD, 5a max

Longueur: 300 mètres, mais la grande majorité de l’itinéraire est très simple

Matériel: Quelques goujons en place, à compléter avec de nombreuses sangles. Quatre friends moyens et un jeu de câblés sont aussi fort appréciables. Cet itinéraire peut constituer une très bonne initiation au terrain montagne ou d’aventure.

1ière ascension: H. Joubard et M. Ramon, en 1948

Les vires étroites de la Ramon, en arrière plan la falaise de l'Oule

Les vires étroites de la Ramon, en arrière plan la falaise de l’Oule

La traversée sans retour

La plus mythique des Calanques… Depuis longtemps classique, les histoires l concernant ne manquent pas. Nombreux sont ceux qui ont bivouaqué dedans, et des secours plus ou moins épiques y sont organisés de temps à autre. Pourtant, l’escalade n’y est jamais trop dure. Alors pourquoi cette réputation? Tout d’abord, la voie est longue. ensuite, l’itinéraire est parfois un peu compliqué à suivre. L’équipement en place est quand à lui parfois bien pourri (pitons corrodés voir même déjà cassés). « Une grande course au niveau de la mer », m’avait dit Barney Vaucher. C’est avec deux trois astuces confiées par cet historien de l’escalade que nous sommes allés voir cette voie…

Finalement, avec un bon topo et quelques infos, on n’a pas tant d’occasion de se perdre (même si le croisement de voies nouvelles ne facilite pas trop la tâche), et cette voie constitue alors une balade extra ordinaire. Un vrai mini voyage, même!

Une banque de requins qui passait par là...

Une bande de requins qui passait par là…

L’accès en rappels, d’abord, après la traversée Ramon… Peut être le crux de la journée! Ceux ci sont vraiment galères, pour le premier comme le second. Sur place, un peu de réflexion permet tout de même de s’en sortir. Ensuite, la vraie voie commence. Ca grimpe bien au début, l’équipement en place doit être complété. Des trav’, un rappel, un passage de fjord très impressionnant, cent mètres au dessus d’une mer bouillonnante par laquelle on ne voudrait surtout pas réchapper… La première partie constitue en soit une petite voie. Ensuite, on suit une large vire (ouf, ça permet d’avancer!), avec au milieu un passage de ramping impressionnant nous pose à quelques mètres de l’eau. Le cadre est agréable et reposant, mais la voie est loin d’être achevée! On remonte alors par un boyau vraiment rigolo, puis on traverse des vires pour arriver à une large terrasse, point de départ de la traversée La Grande Croisière. Soit on continue (voir suite, à nouveau!!), soit on admet que plus d’un kilomètre de traversée, ça calme déjà (et il n’y a aucune honte, vous verrez sur place!!). Dans le second cas, un dernier passage dur (7a très patiné ou A0, dans tous les cas les points font peur!), puis une astuce d’itinéraire ramènent au plateau (puis un rappel, un pierrier et encore une heure et demie de marchent ramènent à la civilisation).

Difficulté: TD, 7a max, 5c obligatoire et A0 sur équipement usé.

Longueur: 810 mètres pour la Sans Retour seule (1110 avec la Ramon!), mais la partie centrale, très simple, permet d’avancer très vite. Attention aux erreurs d’itinéraires…

Matériel: Classique grande voie, avec un peu de friends et un de câblés

1ière ascension: V. Bourges et J Kelle, en 1963

Topo maison de la traversée sans retour

Topo maison de la traversée sans retour

La grande croisière

Peut être la traversée la plus engagée de tout le massif des Calanques, car ici, à part la mer, aucun échappatoire n’est envisageable. La voie est malheureusement assez hétérogène, mais reste intéressante pour l’ambiance, et les manipes de corde, plus compliquées que dans ses voisines. Surnommée « la grande galère » par les intimes…

On y accède du plateau, par un rappel sur pin penché pas facile à trouver si on ne connait pas le secteur. On rejoint alors la fin de la Sans Retour, puis on continue à descendre en rappel. Engagement…

Deux premières longueurs pas simples en fissures (6c puis 7b, assez bloc en réta dalle) permettent de traverser des zones surplombantes, pour venir buter dans un cul de sac. Re-descente en rappel, pour l’une des manipes les plus célèbres des Calanques: le fameux rappel à lancer de corde! Sachez qu’en cas d’échec on peut toujours contourner le problème par la mer (certes, cette option n’est pas très enviable). On traverse ensuite, proche de l’eau, des systèmes de vire où parfois l’escalade ainsi que le rappels (facultatifs) peuvent être un poil délicats (attention le topo FFME est faux). Au bout de ces vires, une grande fissure permet de reprendre un peu d’altitude (sans doute le passage « clé » de la voie: fissure large typique en gros 6a!). Un échappatoire existe, et est à conseiller si la nuit tombe, car la suite passe encore par deux rappels complexes. Une dernière traversée nous dépose finalement sous l’arche de départ de la traversée Tabarly. Le retour à pied est aisé.

Le 6a en fissure large de la Grande Croisière

Le 6a en fissure large de la Grande Croisière

Difficulté: TD+, 7b max, 6a obligatoire. L’équipement est souvent très fiable

Longueur: 480 mètres, une fois de plus peu soutenu

Matériel: un jeu de friends jusqu’au 3 et un jeu de câblé pour de rares passages, probablement les plus durs (la voie est équipée), matériel de grande voie, éventuellement une bouée de sauvetage (?)

1ière ascension: Jusqu’à « l’échappatoire »: M. Ramon, V. Bourges, C. Duvillier, J. et P. Kelle, le 14/11/1965. Pour la traversée intégrale: P. Kelle et R. Mandin, le 28/09/1966

Topo de la traversée de la grande croisière (ou de la grande galère - à vous de jouer!)

 Topo de la traversée de la grande croisière (ou de la grande galère – à vous de jouer!)

La traversée Tabarly

Au niveau escalade et gestuelle, il s’agit là de ma préférée, d’autant plus que nous avions bien ri à la parcourir sans topo, en parcours improvisé après une autre voie. L’ambiance y est moins oppressante que dans les voies ci dessus, car on évolue très proche de la mer (à ce sujet: faire très attention à l’état de la mer car si elle est formée cette voie peut être très dangereuse!), et des échappatoires doivent être envisageables.

Comment ne pas mouiller sa corde grâce à du fil de pêche

Comment ne pas mouiller sa corde grâce à du fil de pêche

En revanche, cela grimpe quasiment tout le long, sur un rocher magnifique, tout ce qu’il y a de plus typique des Calanques. Les manipes sont une fois de plus nombreuses (corde tendue, rappels, relais à construire ou consolider…), dans un cadre assez rassurant. L’ambiance est parfois un peu cassée par la surfréquentation du lieu en kayak et les bateaux qui longent la côte remplis de touristes. Attention toutefois, des voies ont été équipées au ras de l’eau, en goujons non inox. Cette initiative est étonnante car non seulement elle gêne la voie historique (risques de se tromper, perte d’ambiance…), mais en plus les points, corrodés par le sel et rallongés par des cordelettes plus que pourries, n’ont à mon avis aucune chance de retenir une chute, et de toutes façons ceux ci sont placés trop bas: non seulement on tombe quand même dans l’eau mais en plus on ne peut même plus s’éloigner vite du bord, qui est une zone très dangereuse s’il y a des vagues. Si, parfois équiper met en danger les autres! Peut être est il temps d’envisager des solutions de nettoyage pour garder un terrain de jeu propre?

Dernière longueur de traversée, une jolie fissure. Les conséquences d'u,ne chute à cet endroit semblent humides.

Dernière longueur de traversée, une jolie fissure. Les conséquences d’u,ne chute à cet endroit semblent humides.

A part cela, un des plus beaux itinéraires des Calanques selon moi, comparable à certains itinéraires du Cap Morgiou (face au large…), avec une ampleur et un isolement qui sont vraiment appréciables. Décidément, les traversées sont classes au Castelvieil. Une voie de plus à faire!

Dans la traversée Tabarly, on passe souvent très près de l'eau

Dans la traversée Tabarly, on passe souvent très près de l’eau

Une belle escalade sur du beau rocher...

Une belle escalade sur du beau rocher…

Difficulté: TD, 6a dans du beau caillou

Longueur: 450 mètres, plus soutenu que ses voisines, et avec moins de rappels

Matériel: Jeu de friends moyen, jeu de câblé complet, matériel grande voie

1ière ascension: J. Biju-Duval, P. Kelle, R. Mandin et J. Roque, le 25/02/1968

Traversée Tabarly

Traversée Tabarly

Vous l’avez compris, toutes ces traversées peuvent s’enchaîner d’un coup, pour une grande aventure… Qui de motivé?? Je rêve de l’organiser…

Pour rappel, Henri Vincent avait effectué la traversée intégrale des Calanques par les falaises, de Marseille à Cassis…

Accueil > Topos d’escalade > France > Calanques > Castelvieil > Les grandes traversées maritimes