Récit d’un incident stupide, arrivé il y a quelques années, alors relaté sur Camptocamp. Merci de ne pas me juger trop durement à cause de cela, j’étais jeune et idiot.
Décembre 2015 : « J’ai récemment remarqué le portail « incident » sur Camptocamp. Trouvant cette nouvelle application particulièrement intéressante, j’ai sauté sur la première occasion de rentrer moi même une de ces sorties! Certes, j’aurais pu prendre un ancien incident, mais cela manque profondément de charme et d’honnêteté !
Alors ce vendredi, après une très courte nuit et un réveil du pied gauche, je monte mon projet en œuvre.
Afin de mettre toutes les chances de ratage de mon côté, je pars grimper seul. De plus, afin d’être sur que cela craint, je choisis une voie à Castelvieil. Ainsi fort chargé, je mets de mon côté également un risque non négligeable d’entorse durant l’approche. Ce secteur permet également de rester seul en cas de coup dur, ce qui est nettement plus héroïque !
Parvenu au plateau, en faisant passer mes deux sacs par la cheminée qui commence à être sensiblement patinée, je trouve les rappels du muet qui rit.
Mon pote Gary m’avait prévenu de les esquiver soigneusement…
Alors ces rappels manquent de pratique. Coinçages divers, chutes de cailloux… Bref, tout ce qu’il faut pour effectivement avoir le contenu nécessaire à la création d’un incident sur Camptocamp (tant mieux !).
Malgré ma quête à ce niveau presque indécente, je parviens à esquiver tous ces cailloux. Arrive le dernier rappel. Je rejoins sans encombre la terrasse, et commence à le rappeler. Cependant, ce salopard décide de m’aider considérablement dans ma recherche de problèmes, et se bloque.
Déjà (légèrement) énervé, je tire dessus de tout mon poids. Miracle, il se débloque, mais je tape fortement le coude sur un rocher très anguleux. La douleur est vive, heureusement que je suis toujours en pull !
Je remonte lentement les deux premières longueurs (le solo encordé n’est pas très rapide !), sans encombre. La douleur disparaît très vite.
Sur la grande terrasse, je constate que mon sac de hissage possède un grande trace rouge, oblique. Du sang. Beaucoup! D’où peut il venir ? Seuls mes mains et mon visage sont à l’air libre ?!
En fait, le sang passe à travers le pull !! Je le retire, et constate une coupure importante, pissante…
« Ne pas paniquer. Surtout, ne pas paniquer. Tu es seul, t’as fait la moitié. On sort et on va gentiment (encore) à l’hôpital. Du coup, la douleur (mentale ?) se réveille d’un coup ! Ma grimpe s’en trouve vite perturbée… Comme quoi, le côté psychologique !
Heureusement, la grimpe est vraiment facile et je fais en tremblant mes deux dernières longueurs deux fois (hé oui, c’est ça d’être seul…). Une certaine honte s’empare tout de même de moi: je balise, même légèrement, la voie de subtiles traces rouges, certes temporaires, mais visible. Depuis plusieurs années je râle sur ce forum contre cette pratique, et je me reconnais à accentuer cette dérive, en marquant l’itinéraire de ma propre chaire. Je ne peux alors que m’incliner vis à vis des critiques que, par ce fait, je mérite indéniablement !
Je n’ai pas pris le temps de bien profiter du sommet car j’étais pressé : avant d’aller à l’hôpital, j’ai dû passer à Marseille pour le travail (certains clubs donnent plus que d’autres envie de s’investir pleinement !).
Finalement, je ne suis pas encore allé à l’hôpital, mais je me suis recollé cela avec des stérils strips achetés en pharmacie. J’ai essayé de cacher mon aventure à ma compagne de l’époque avec qui je vivais, mais à voir mon visage livide elle a vite compris que ça n’allait pas au mieux et m’a vite tout fait avouer.
Morale 1: Quand on cherche on trouve !
Morale 2: Depuis que les rappels ont été revus dans ce secteur, préférer ceux de la lune et le sabre.
Morale 3: Attention en tirant son rappel !
Morale 4: Si vous avez légèrement mal, n’essayez pas de constater ! »
Le Muet Qui Rit est une belle voie, très bien équipée. Elle remonte des murs assez raides sur un beau rocher franc, elle est avec « Vide et Eau » la voie la plus facile de ce secteur, probablement moins obligatoire, surement moins impressionnante. Le départ au bord de l’eau, sur ces dalles calcaires, résume « l’ambiance Calanques ». Une voie idéale pour découvrir Castelvieil !
Équipement : Xavier Legendre et Thomas Vigan en 2003
Difficulté : TD-; 6a+; 5b obligatoire; 140 mètres
Matériel : Grande voie équipée
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