Encore une voie traditionnelle partant des flots à Castelvieil! Pourtant ouverte en 2004, cette voie oubliée est ressortie, comme d’autres dans ce secteur, grâce à l’édition du nouveau topo (alors que certaines autres, à l’intérêt discutable, semblent totalement disparues comme la « picoulinette » ou « l’antre broussailleuse »). Une brève lecture laisse supposer une belle voie, sérieuse, mais très proche d’une voie un peu plus récente, « Kinder ». Il fut difficile de comprendre à quel point les deux lignes sont indépendantes ou non. La seule façon de vérifier fut d’aller voir soi-même!
Dès le départ, l’accès à cette voie est rigolo. On remonte sur ce beau plateau de Castelvieil, s’éloignant un temps des chemins très fréquentés du massif pour profiter du calme relatif qui fait une partie du charme de ces falaises du bout de terre. On emprunte ensuite les rappels de la Zizanie, qui nous invitent à revenir parcourir cette formidable ligne déversante ne dépassant pas le 5c (enfin, il faudrait vérifier!), puis un court bout de la « traversée sans retour », à l’envers, pour récupérer le dernier rappel de « Kinder ». Un grand rappel oblique vers la gauche (face à la mer), le long d’un dièdre superficiel mais évident, nous dépose sur une petite terrasse confortable, moins d’un mètre au dessus de la mer un jour de pression atmosphérique élevée. On comprend vite le nom donné à la voie en imaginant une mer un peu formée! Dans ce cas, on se battrait pour mener en tête la première longueur!!
La voie remonte ensuite un beau mur blanc par un dièdre bien meilleur qu’il n’en a l’air, jusqu’à la vire de la « sans retour ». L’engagement diminue alors d’un bon cran car l’on peut s’échapper par diverses voies, ce qui n’était pas le cas un étage plus bas! Plusieurs lignes, équipées ou non, mènent ensuite au passage clé de la voie : une superbe fissure de 45 mètres, soutenue, raide, intimidante. Un beau combat en perspective, pour une escalade à la fois sérieuse et magnifique! La sortie qui suit, sans être particulièrement belle, reste agréable et complète cette très jolie voie traditionnelle jusqu’au plateau. Arrivés là, nous constatons qu’effectivement, la voie est la fois pleine d’intérêt, et très bien préservé des équipements de voies plus récentes. Encore un bel exemple de cohabitation et diversité réussi!
Castelvieil fait définitivement partie de ces sites riches, variés, et grandiose. En plus de ce cadre magnifique, de cet isolement gagné (si on évite les week ends de printemps…), on y trouve des dizaines de voies majeures. Certaines sont très abordables, alors que d’autres, comme « la Chose », ouverte par Lionel Catsoyannis, risquent de ne pas se démocratiser rapidement, ou encore « vas te jeter » (Claude Cerruti, Thierry Garcia), annonçant probablement les cotations en libre les plus dures des Calanques pour une voie non équipée, qui pourrait bien devenir le challenge du secteur!

Un relais trouvé sur une vire en bas de la voie : « bas les vagues » n’a pas du être beaucoup refaite depuis son ouverture!
Le topo de la voie :
Accès en rappel par la Zizanie, puis le dernier rappel de kinder en oblique dans un dièdre superficiel évident tirant à gauche (en regardant la mer). Relais sur terrasse au bord de l’eau.
L1 : 6c ou A1 puis 5c, 25 mètres; Départ très raide en fissures crochetantes sur quelques mètres, puis dièdre facile en meilleur rocher qu’il n’y parait jusqu’à une belle terrasse de relais.
L2 : 5c, 25 mètres; On poursuit par ce dièdre jusqu’à la terrasse où nous avons tiré le rappel.
L3 : 5c, 20 mètres; On grimpe soit la fissure équipée de « Pochette Surprise », soit la fissure un peu moins esthétique non équipée juste à gauche. On rejoint alors un jardin (côté gauche), relais équipé décalé de la grande fissure.
L4 : 6c, 45 mètres; LA longueur de la voie, nettement plus sérieuse que L1. Grande fissure large mais bien protégeable, terminant en off width avec une veine d’aragonite solide. Tout un programme, toute une aventure! Relais sur arbre.
L5 : 5c, 50 mètres; Remonter le jardin vers la gauche, viser la grande dépression et remonter le dièdre de droite (on frôle une voie équipée à gauche sur la fin, aucune gêne).
1ière ascension : Jean Devaux, Hervé Guigliarelli, en 2004
Difficulté : TD+; 6c, 6b obligatoire (en L4), III; 150 mètres
Matériel : friends 0.3 au 4 avec du 0,5 au 3 en double, câblés, sangles
Cette voie me faisait également rêver, en tant que surfeur désormais fort passionné, par son nom. Les quêtes d’une ligne de fissures ou d’une vague ont, dans leurs démarches, de sacrés points communs. Je ne peux m’empêcher de vous présenter la récente vidéo de la plus grosse vague jamais surfée, ce fut il y a quelques jours à Nazaré, au Portugal.
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