Face au Mont Blanc et dans le prolongement de la chaîne des Fiz,la Pointe de Platé possède la plus grande paroi calcaire de Haute Savoie et l’une des plus grandes de France, avec l’Epenaz en Vanoise et la Croix des Têtes, en Maurienne. Ce beau mur se voit de très loin et ne manque pas d’attirer l’œil. Mais autant que son ampleur, ce sont bien ses lignes de strates qui attirent le regard. Malgré une partie centrale blanche, ces traits noirs barrant horizontalement le mur intriguent : calcaire, schiste, charbon ? En tous cas, le coin n’a vraiment pas bonne réputation. Mais cette paroi m’intriguait depuis des années, il me fallait aller voir !
Le Pilier Sud est la voie classique. Depuis, une a été ouverte toute à gauche sur le pilier au dessus la grande gorge (7a+), une plus centrale (Tire Toi – 7c), une louvoyant autour du pilier et enfin Fiz Fucking, ouverte en 2019. Plus à droite, la Face Sud Directe a été réequipée partiellement et semble être fréquentée de temps en temps. A noter également plusieurs voies abandonnées. Récemment, un éboulement a eu lieu dans la vire classique d’accès, et le départ direct permet d’éviter cette section. Il met rapidement « dans le bain », car un peu plus dur et surtout en mauvais rocher sur les deux premières longueurs. Ensuite, le rocher est nettement meilleur, et l’itinéraire louvoie beaucoup pour connecter dièdres, fissures et cheminées, proposant ainsi un parcours de niveau moyen.
La voie a été partiellement équipée (pitons d’époque et goujons récents), mais de manière étonnante : quelques points à côté de fissures dans du 2/3, rien dans du 5 moins protégeable en rocher plus délicat, points de relais espacés de 2 mètres à l’horizontale… Cela casse malheureusement un peu de plaisir au parcours déjà un peu terni par du rocher moyen en bas et des sections herbeuses. Finalement, on gravit ici une très belle paroi mais la voie elle-même n’est pas mémorable.
Approche : se garer dans un lacet à gauche en montant à Plaine Joux, devant le centre de vacances de Guébriant. Remonter le torrent en amont (éviter de se faire coincer par le paravalanche !) jusqu’au pied de la paroi (ne pas sortir trop tôt). La voie démarre juste à droite du point le plus bas, dans du rocher foncé.
L1 : 5b, 50 mètres; Rocher moyen, équipement serré dans les pas clés.
L2 : 4b; Passer un mur par la droite puis remonter un couloir cheminée en mauvais rocher, exposé. Seconde partie plus équipée, ne pas s’arrêter au premier relais croisé à droite mais sortir en haut à gauche (relais en contrebas).
L3 : 5b; Remonter le pilier à gauche du couloir herbeux dominant le relais puis éviter le mur lisse par ce couloir. Revenir à son aplomb, et continuer droit.
L4 : 5a ou 5c; Droit au dessus le relais, puis éviter par la droite une belle dalle raide (relais au pied) ou la gravir (5c). Relais sur un point à la vire.
L5 : 2b; Traverser à gauche sans monter de suite. Un court ressaut nous fait passer à l’étage au dessus, faire relais sur un goujon.
L6 : 3b; Traverser encore légèrement à gauche pour ensuite remonter une dalle en ascendance à droite (un goujon). Enfin, repartir en ascendance à gauche pour faire le relais sur le fil du pilier.
L7 : 4b; Traverser une petite vire à gauche (goujons) puis grimper droit en direction d’une belle dalle (rester à droite, goujons). Relais équipé au pied.
L8 : 3b; Traverser la vire à gauche pour ensuite remonter une cheminée (un relais facultatif presque à son sommet). Traverser ensuite la vire étroite à droite jusqu’à son extrémité (relais équipé).
L9 : 4c; Traverser brièvement à droite pour passer le fil du pilier pour rapidement remonter une zone un peu herbeuse. Relais équipé (pitons et lunule percée absente).
L10 : 5b; Gravir le dièdre à droite (possibilité de passer à gauche, superbe, 6a?) puis sous le surplomb rejoindre l’aplomb de la fissure de gauche, passer un relais facultatif équipé de deux pitons. Remonter le dièdre de gauche (un piton). Relais en sortie. Plusieurs possibilités pour ces deux dernières longueurs déjà décrites sur internet.
L11 : 5b; Gravir une dalle facile (deux goujons), puis une seconde plus dure (deux goujons puis un piton). relais très tôt à droite sur la vire.
L12 : 5b+; Remonter le dièdre (pitons) à gauche de la vire. Relais équipé.
L13 : 5b+; Viser une conque légèrement à droite au dessus le relais et en sortir par la droite (deux pitons). Relais sur un goujon (deux très éloignés…) sur une terrasse ou grotte en sortie.
L14 : 4b; Fissure herbeuse en ascendance à gauche, relais équipé.
L15 : 4c; Redescendre d’un mètre pour traverser une dalle/vire vers la gauche. Ne pas s’arrêter au premier relais sous un surplomb mais le faire (équipé) sur un bloc juste après.
L16 : 3c; remonter la cheminée herbeuse à gauche facile. Relais équipé.
L17 : 4b; Poursuivre cette ligne de cheminée jusqu’à la « vire à bicyclette ».
L18 : 1; Traverser la vire à bicyclette à droite (3 goujons inutiles). Relais sur deux goujons au pied d’une cheminée.
L19 : 3b; Remonter cette cheminée.
L20 : 3b; Poursuivre en ascendance à gauche jusqu’à une large vire, que l’on traverse jusqu’à son extrémité gauche. Relais équipé sous les cheminées.
L21 : 4c; Dièdre de droite, puis traversée à droite (un piton), relais équipé peu après.
L22 : 3b; Remonter dans la « cuvette » les dalles faciles à droite, relais équipé sous une zone plus raide.
L23 : Gravir le ressaut raide, d’abord à gauche puis à droite. Relais équipé en sortie.
L24 : 3c; Dalles cannelées (équipées?) ou couloir évident. Relais juste sous la sortie.
On sort ensuite soit par l’arête des Mottets (terrain très pourri, 3a, 200 mètres) ou plus classiquement l’on passe la croupe herbeuse à gauche et l’on bascule de l’autre versant pour descente au chalet de Platé (2h30 de la sortie à la voiture).
1ière ascension : Maurice Lenoir et Robert Wolschlag en 1958 pour le pilier lui même (par la vire?), Valérie Aumage et Toni Classaro pour le départ direct. A noter un autre départ plus à gauche…
Difficulté : TD-; 5c, III, 650 mètres.
Matériel : Friends (petits et moyens, 3 conseillé), sangles, très éventuellement marteau/pitons, matériel grande voie équipée.
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