« Il y a des traditions auxquelles je tiens : celle d’une petite course estivale dans les Aiguilles Rouges avec Nicolas m’est essentielle.
Mi-août, Cham est remplie de touristes, le soleil est revenu, il faut se précipiter sur les premières cabines de Planpraz. La foule est déjà compacte, composée surtout de moniteurs de parapente-qui débutent leurs premières rotations de la journée-et de leurs clients avides de sensations pas trop fortes.
Nous prenons rapidement la direction des Clochetons de Planpraz, modeste objectif de la journée : Nicolas m’a déjà emmenée au Clocher, et à Hotel California. Vus de loin, ce ne sont que trois espèces de lames débonnaires, voire ridicules dans ce massif.
Je suis une éternelle débutante, ne grimpant que deux ou trois fois par an. J’aime bien le chiffre 4 . Suivi de a, b ou c, cela m’importe peu, c’est dans mes cordes. Le 5, nombre premier, me fait un peu peur, même si Nicolas est très efficace pour me rassurer : « mais si, voyons, des 5b, tu en as fait sans soucis ! ». Quant au 6, rien à en craindre, personne ne songerait à m’y traîner.
Après quelques errements (c’est mon habitude), nous sommes au pied du premier clocheton, dont le sommet est atteint aisément. C’est là qu’il y a « un truc rigolo » (il faut toujours se méfier de ce genre d’expression). En l’occurrence, une courte tyrolienne. Courte, mais bien plus impressionnante que celles que l’on voit dans les Parcs Aventure : il faut installer soi-même les cordes – et on a intérêt à être habile au lasso-jusqu’à la plateforme du deuxième clocheton. Finalement c’est en effet ludique jusqu’au milieu, après quoi la fin de la traversée est plus physique.
Deuxième clocheton et rappel jusqu’au pied du troisième avec une grande maîtrise (enfin, de mon point de vue). Et voici « la bonne fissure chamoniarde, un peu athlétique ». En effet. « Bon, me dit Nicolas, parvenu au sommet, je vais d’abord hisser ton sac à dos ». J’ai un sac auquel je suis très attachée, dans tous les sens du terme. Ensemble, nous avons parcouru pas mal des pays. Le problème, c’est que c’est aussi celui avec lequel j’ai fait le Tour du Mont Blanc. Pas du genre à bien franchir cette bonne fissure chamoniarde…. Enfin, Nico parvient à le récupérer. Il en sera quitte (le sac, pas Nico) pour quelques râpures glorieuses supplémentaires. Je subis à mon tour la fissure, par presque la même technique. Heureusement que j’ai un gabarit et un poids adéquats.
Voilà, un dernier rappel (un vrai régal, ces rappels, j’irais escalader rien que pour ça), le chemin de descente face, comme au cours de toute la journée, au plus beau paysage de monde.
Merci Nicolas !!! »
Dominique
Je tiens à préciser que ce n’est pas des clochetons mais bien des lames de Plampraz que pose Gaston Rebuffat pour sa photo de couverture des « cent plus belles ».
Difficulté : D-; 5a; Environ 100 mètres
1ière ascension : Le Clocher : Jean et Joseph Demarchi, 1911
Voies normales : Sans doute Emile Fontaine et Joseph Ravanel vers 1910
La traversée des Clochetons : Mlle A. Agussol, J. Le Bec, J. et T. Lépiney, 31 août 1913
Matériel : Friends du 0,5 au 2, câblés, sangles, matériel grande voie sportive
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