Un récit de ma partenaire du jour, qui n’est autre que ma maman :

« Aout 2022.

Cela fait un moment que nous supportons plus ou moins bien la chaleur. La neige a disparu du Lac Blanc depuis juin. Nico cherche une course accessible pour moi -comme d’habitude, je n’ai pas fait l’effort de m’entraîner en escalade depuis ma dernière sortie… en septembre.

Nous redoutons la foule à Planpraz ou à la Flégère, les courses mixtes ou de neige étant impossibles, tout le monde doit se rabattre sur les Aiguilles Rouges françaises.

Au dernier moment – durant le trajet en voiture – nous optons pour le barrage du Vieux Emosson, en Suisse. Je n’ai pas mes papiers, mais, heureusement, le poste frontière doit être considéré comme un musée national et donc fermé le mardi.

La Veudale, sommet de 2491 m surplombant le barrage du Vieux Emosson, a été choisi. On dit « Vieux » et non pas « Vieil » Emosson et en plus, le barrage est tout neuf.

A partir du parking du nouveau barrage (enfin, pas le plus nouveau, du coup, mais le plus grand), nous profitons d’une magnifique marche d’approche d’une heure pour atteindre la cabane -nous sommes en Suisse, il n’y a pas de refuges ici, mais des cabanes. Toujours extrêmement propres.

Traversée du tout petit ruisseau qui sort du barrage (la sécheresse sévit fort), et recherche du départ de la voie, Dark Veudale, qui doit être évident, selon le topo Piola… bon, nous le repérons dans ce dédale de dalles et construisons deux cairns à son pied. La voie est décrite en deux parties, dont une première vraiment facile (trop au goût de Nico). J’apprécie le très bon gneiss. Mais les 170 m annoncés nous paraissent étonnants après tout un tas de longueurs de 50 m… Ce doit être un effet de la réévaluation du franc suisse en défaveur de l’euro…

Là, le topo Piola indique 150 m de traversée. C’est encore un minimum, qui nous amène sous un ressaut planté de genévriers et de myrtilliers, un spit étant visible sur un bloc. La fin se fait presque entièrement à corde tendue, nous parvenons à un sommet totalement végétal. La vue sur les deux lacs et les montagnes environnantes est superbe. Nous y rencontrons une autre cordée, ce seront les seules personnes vues de la journée dans le secteur. Cela nous repose de la vallée de Chamonix.

La descente se fait en suivant la crête vers le sud, un sentier passe en contre-bas pour revenir directement à Emosson, retraverser le barrage en admirant, à même le barrage, les voies d’escalade qui sont à nouveau ouvertes : 150 mètres de hauteur du barrage à l’aplomb avec un dévers de 15 mètres… La longueur requiert du grimpeur de tête un niveau 7 pour être à l’aise… »

Quelques précisions pour la voie :

• Départ sous le refuge dans le contrefort le plus bas, deux carins au départ, proche d’un poteau rouge et blanc caractéristique (2022)
• R2 sur broche amovible, L1 et L2 globalement tout droit
• Entre L2 et L3 bien traverser l’énorme couloir évident de partout
• L3 : flèche au départ, petit mur prisu (piton, goujons), puis vague dièdre droit au dessus jusqu’à une vague vire. Goujon plus ou moins dans l’axe puis dalle jusqu’au relais
• L4 : traverser la vire à droite sur quelques mètres (sous le truc bizarre ?) puis remonter le dièdre et choisir la branche de gauche lorsqu’il se sépare. À la vire prendre tout droit/légèrement à gauche la dalle
• Dans les parties faciles la grimpe est exposée et il faut chercher son itinéraire

1ière ascension :

Difficulté : AD+; 5a, 4 obligatoire; 300 mètres

Matériel : Friends petits jusqu’au 3, câblés, matériel grande voie équipée

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