
Au sommet avec Aurélien, mon petit frère !
Ce sommet fut pour moi ma première incursion en vraie « Montagne », à 11 ans. Dix ans plus tard, j’y emmena ma maman, voici son récit du pèlerinage :
« Ma première grande voie ! Une aiguille qui n’a été gravie qu’en 1903, par deux Joseph (Couttet et Ravanel) et leurs clients, A. Cramer, et Émile Fontaine (dans la Chronique Alpine du CAF, les guides figurent sont bien entendu en second). Bien après le petit Dru (1879), le Grépon (1881), ou la Dent du Géant (1882) !
Bon, la réalité, c’est que les Aiguilles Rouges n’intéressaient pas beaucoup les Anglais et autres collectionneurs de premières de l’époque. Une des voisines de l’Index avait tout de même donné du fil à retordre à Jean Esteril Charlet (futur vainqueur du Petit Dru) et Isabella Straton. Ils n’ont réussi qu’à la troisième tentative (deux échecs en 1874 et 1875) le sommet qu’ils ont baptisé Aiguille de la Persévérance (d’où ils eurent un mal de chien à redescendre, Jean Esteril n’ayant pas encore inventé le rappel).
Donc, une course de débutant…En 1920, Armand Charlet s’y amuse : « Partant de Tréléchamp, nous commençâmes par la Persévérance, puis nous courûmes escalader l’Index ; traversant l’aiguille de la Glière, nous poursuivîmes jusqu’au Pouce des Aiguilles Rouges, pour finalement rejoindre la Flégère en faisant au passage le Pouce de la Glière »¹ …Retour à Tréléchamp, le tout en 14 heures, sans téléphérique évidement.
Mais pour moi, cette course est symbolique : 10 ans auparavant, Nicolas et son frère jeune Aurélien l’ont réalisée, emmenés par un guide chamoniard. Cette fois, c’est Nicolas qui est en tête !
Longue attente très matinale au téléphérique de la Flégère – il n’y avait pas encore le télécabine – au milieu de guides, cordes et clients pèle-mèle. Je ne me sens pas à ma place, mais peut-être ne suis-je pas la seule à appréhender la journée. L’Index, de ce côté, n’a pas l’élégante silhouette qu’il présente vu des Praz. C’est plutôt un gros rocher que nous allons gravir par son arrête sud est.
Marche d’approche réduite, d’abord dans un pierrier qui descend du col de l’Index puis nous suivons une grande une vire herbeuse qui coupe la face est, en montant. Les Praz sont déjà bien bas… et les pistes de ski, si belles l’hiver, ne donnent pas du tout envie d’y faire un tour.
La voie commence ici, nous l’avons réalisé en 4 longueurs de 4c maximum. La difficulté pour moi a été de retirer quelques coinceurs que Nico posait de temps en temps. Certes, nous nous étions un peu exercé à cela, mais tout est toujours beaucoup plus facile en bas.. (« dis, Nico, heu…il faut vraiment les retirer, tes coinceurs ? »). Question stupide, apparemment, je me suis donc appliquée.
Sommet atteint ! Semblable à un sommet dans mon imaginaire, c’est-à-dire piquant et peu propice à la sieste. J’ai appris plus tard que certains sont beaucoup plus confortables. Vue fabuleuse sur le massif du Mont Blanc (déjà pas mal du haut du télésiège, mais là, elle est méritée). Puis descente en quelques rappel de l’autre côté et on termine dans un couloir caillouteux. Je comprends qu’il s’agisse d’une grande classique, répertoriée par Rébuffat dans ses 100 plus belles courses du Massif du Mont Blanc ! »
¹ Armand Charlet (1900-1975), Vocation alpine, Hoëbeke
1ière ascension : Alice Agussol, H. Bonin, Maurice Damesme, Jacques et Tom de Lépiney le 16 aout 1913
Difficulté : AD; 4c; 100 mètres
Matériel : Friends en coinceurs moyens, matériel grande voie équipée
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