Isolée loin des Pyrénées, dominant la Méditerranée, la Montanya de Montserrat constitue un massif en une seule montagne, sans presque aucun relief aux alentours, et elle même composée de centaines d’aiguilles. Secteur majeur aux portes de Barcelone, la capitale Catalane, ce massif de conglomérat fait partie de ces sites qu’il faudra avoir vus dans sa vie de grimpeur.

Les versants nord et ouest des Agulles

Les tours caractéristiques
Malgré un air de Météores (massif grec), de par la formation de nombreuses aiguilles ou pâtés dans sa partie centrale, ce site est totalement unique, de part son ambiance et sa variété. Comme presque partout ailleurs, les premières voies ici grimpées visaient les lignes principales des sommets les plus emblématiques, nécessitant une bonne dose de courage, avant de se diversifier. En grande voie en Espagne, le terrain d’aventure reste le style privilégié. Les grimpeurs ayant ici généralement plus d’éthique que chez nous et l’on cherche à garder le caractère des voies plutôt que de les adapter à tous. Ainsi, on retrouve à Montserrat des voies sur coinceurs malgré un rocher souvent inadapté à ce style, de nombreuses voies d’artif de tous niveaux (voir les horreurs de David Pelut Palma ou de Silvia Vidal…), et des grandes voies équipées souvent engagées ou exposées, même si cela est loin d’être systématique, ainsi que de très nombreuses couennes. Il en résulte ainsi plus de 4000 voies variées.
Le rocher, un conglomérat type pouding constitué de petits galets, est aux antipodes de ce que l’on peut trouver aux Mallos de Rigolos, l’autre site majeur (parmi d’autres…) de conglomérat espagnol. On grimpe sur des petites prises, ou de bons trous, issus de galets eux même arrachés. Les devers sont moins prononcés et l’on ne se suspend que rarement sur des énormes « patates ». Le style est donc technique, et je dois dire que l’escalade y est particulièrement plaisante. En revanche, en grande voie, les approches peuvent être parfois compliquées, au travers de forêts toutefois magnifiques et bien préservées, constituées de chênes, oliviers, arbousiers, et dépourvus de pinèdes artificielles dangereuses. Mais le hors sentier ne favorise pas l’équilibre fragile que les locaux réussissent à préserver, prenons gare!

Le monastère
Enfin, il est possible de grimper à Montserrat toute l’année. Le massif culmine à plus de 1000 mètres d’altitude, et la face nord reste fraîche. C’est d’ailleurs ici que nous retrouvons les grandes voies les plus impressionnantes, comme la désormais mythique « Arco Iris » (arc en ciel), libérée par Edu Marin, un ancien compétiteur de très haut niveau reconverti dans l’ascension des grandes voies les plus dures (et souvent très aventureuses) de la planète. Des voies plus faciles remontent les dièdres et cheminées, alors que d’anciennes voies d’artif presque entièrement équipées trouvent une seconde vie avec des ascensions plus ou moins en libre. À l’ouest, le secteur des Agulles (aiguilles) propose de nombreuses grandes voies magnifiques, plus courtes, sur des sommets parfois improbables, en tous styles. À l’opposé, au dessus du monastère transformé en un lieu qui a perdu de son âme à cause du sur-tourisme, d’autres aiguilles sont également à visiter, en proposant toutes les orientations et styles. Enfin, la face sud est idéale en hiver et par journées ventées, ce qui semble régulier. Ici encore la variété de styles est à mettre en avant!
Pour finir malheureusement sur une note négative, il est à préciser que les premiers villages environnants ne possèdent que peu ou pas d’accommodations. Mais il s’agit d’une destination idéale pour un séjour en camion, ce qui est en Espagne presque une tradition !
Voici une trop courte sélection de voies :

Les Agulles, face sud
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