vertical pirate

Moniteur d'escalade Calanques, Sainte Victoire et provence, pour l'abordage des falaises et autres aventures verticales ! En méditerranée et au delà …

Le Rappel

noeud marchard français

Nœud autobloquant marchard français, étape 1 : trois tours minimum avec un ficellou d’environ 60 centimètres de diamètre et 7mm d’épaisseur

Étape aussi mythique qu’indispensable, le rappel est une manipe que devra maitriser tout grimpeur régulier en extérieur qui se respecte ! Le principe est de redescendre sur les cordes que l’on récupérera ensuite (rappellera – d’où le nom !). La technique a été inventée dans le Petit Dru (rien que ça !) par l’alpiniste Jean-Esteril Charlet-Straton, lors d’une tentative de première ascension du sommet, technique qui lui permettra de redescendre. Il fera la première ascension de ce sommet le 29 aout 1879 en compagnie de Prosper Payot et Frédéric Folliguet.

Initialement, la technique de rappel ne ressemblait pas réellement à ce que nous faisons aujourd’hui. Déjà, les baudriers n’existaient pas, et c’est bien autour de notre corps que l’on enroulait la corde… Je vous laisse imaginer la sensation que l’on devait ressentir en arrivant en bout de corde dans des surplombs… Cependant, malgré les progrès en matériel, cette technique reste dangereuse et fort accidentogène. Il conviendra notamment de ne pas oublier les nœuds en bout de corde !! De plus, on ne référence plus le nombre d’erreurs que l’on peut voir en falaise ou sur internet, notamment sur les nœuds à effectuer : une grande méfiance s’impose sur son apprentissage…

Tout d’abord, il faut bien comprendre que tous les relais ne sont pas adaptés pour le rappel : il faut que les deux points soient soit reliés, soit sur scellements au même niveau (s’ils sont décalés cela fera vriller la corde et créera du frottement) soit équipés de maillons rapides. En suite, toutes les voies ne sont pas aussi adaptées à la descente en rappel : il faut privilégier des rappels raides, tout droit, sans mauvais rochers et sans végétation (risques de coincer la corde ou faire tomber des cailloux).

machard français

Nœud autobloquant marchard français, étape 1 : trois tours minimum avec un ficellou d’environ 60 centimètres de diamètre et 7mm d’épaisseur

Nous partons d’abord du principe que les deux points sont reliés, et que le relais est équipé d’un maillon rapide ou d’un anneau, situé sous le point du bas (directement attaché ou non au point du bas).

Contexte :

  • Je suis vaché au relais, j’ai deux cordes à double attachées à mon baudrier au niveau du pontet (situation classique)
  • Je souhaite redescendre dans la voie, je peux redescendre quasiment la longueur de ma corde (grâce aux cordes à double, à simple je ne peux descendre que de la moitié maximum)

Matériel :

  • Vache double
  • Descendeur (double gorge)
  • Ficellou pour faire un nœud autobloquant

La première chose à effectuer est s’assurer que l’on ne perdra pas les cordes (la situation pourrait être dramatique) : on prend au moins un mètre de mou sur chaque corde, on effectue un nœud et l’on attache la corde, soit au relais soit au baudrier. Je défais mes deux nœuds, je passe l’une des deux cordes dans le maillon ou l’anneau du relais. J’attache mon brin de corde passé dans le relais avec le brin de l’autre corde, en effectuant un nœud de plein poing (également appelé queue de vache). Il faut absolument qu’il reste 30 centimètres de brin libre sur chaque corde. Ensuite, on serre deux fois chaque brin de corde fortement autour du nœud (il y a quatre brins qui composent ce nœud). Le nœud de plein poing est le plus adapté pour rabouter deux cordes pour le rappel, le double huit convient aussi même s’il n’a aucun avantage supplémentaire, le reste est à oublier définitivement ! Parfois, certains font un second nœud derrière le premier, mais si vous respectez les 30 centimètres de marge et que vous serrez bien le nœud cela n’est pas nécessaire (autant bien faire dès le début…). Également, évitez ceux qui vous tiendront des discours bancaux après avoir mal interprété ce qu’était “l’european death knot”, ce n’est pas ce qui est ici présenté.

Il convient ensuite de faire un nœud à chaque bout de corde : à 30 centimètres du bout, on fait un nœud de capucin (également appelable “demi-pêcheur double). On oublie ici tous les nœuds à boucle, vous n’êtes pas sur un chantier et il est peu probable que vous ayez besoin de hisser un sceau de mortier. On peut se contenter de ne faire un nœud que sur la corde ne passant pas dans le relais, mais dans le doute un sur chaque corde est rarement préjudiciable (uniquement sur un terrain plein d’écailles… mauvais cas à part !).

Ensuite, on jette la corde dans le vide, mais correctement pour éviter les nœuds, toujours plus difficiles à défaire ensuite. Plusieurs recommandations existent, de mon côté je laisse glisser dans le vide les deux cordes en même temps depuis le relais jusqu’à l’extrémité libre. Souvent, je fais des “nœuds d’œillets” sur la fin pour les lancer loin dans le vide, pour que la corde soit bien pendue de haut en bas et non posée sur une vire… Ce “nœud d’œillets” consiste simplement à faire des boucles dans la paume de la main, alternativement d’un côté et de l’autre.

La corde est désormais en place. On installe le nœud autobloquant avec notre ficellou sur la corde puis on l’attache au pontet. Au dessus du nœud, on installe le descendeur, que l’on attache à l’un des deux brins de notre longe double. On se met en tension sur le rappel, en remontant le nœud autobloquant et le descendeur pour s’assurer que tout tient. On peut ensuite retirer sa longe du relais, on maintient une main sous le nœud autobloquant et une main sur le nœud. Pour descendre, on glisse lentement le nœud vers le bas, en laissant coulisser lentement la corde dans l’autre main, le tout en se penchant en arrière.

J’arrive ensuite soit au sol, soit… A un autre rappel ! Dans ce second cas, je m’y vache, évidemment. Pour rappeler la corde, je tire sur le brin de corde qui ne passe pas dans le relais de rappel (sinon le nœud bloque). En cas d’enchainement de rappels, je passe auparavant le bout du bas ce ce brin dans le relais du bas et refais le nœud en bout, ainsi la corde n’est pas perdable. Il ne faut par contre surtout pas oublier de défaire le nœud en bout de corde qui remontera avant de la rappeler !!!

Si les points ne sont pas reliés, la manipe restera la même sauf qu’il faudra que ces deux point soient reliés par une sangle ou une dégaine durant tout le temps où quelqu’un sera attaché dessus.

rappel escalade

L’installation

Astuce : le second à descendre peut pré-installer son matériel sur la corde avant la descente du premier, cela fait gagner du temps et potentiellement de la sécurité.

Les erreurs à éviter ! Trop nombreuses pour être toutes citées, mais en voici :

  • Oublier le nœud en bout de corde… (dans certains cas il est nuisible, notamment en cas de présence d’écailles lorsque le vent souffle fort, ce qui est très rare…) – Mal serrer le nœud de jonction des deux cordes, ou ne pas respecter les 30 centimètres de marge
  • Sauter des rappels (risque accru de coincements)

Accueil > Cours et manipes en ligne > Le Rappel