Et c’est le buuuut ! A qui cela n’est pas arrivé ? Ne pas sortir une voie est un passage obligé et (généralement ! Sauf parfois en grandes voies…) pas grave. Mais l’on doit tout de même redescendre et rentrer chez soi, en abandonnant si possible le moins de matériel…
Les ancrages sont ici supposés en parfait état (goujons ou scellements – on oublie les pitons rouillés), mais malgré cela on ne peut théoriquement pas confier sa vie à un seul point.

Une photo de l’installation – l’assureur en bas est toujours présent et c’est bien lui qui descend le grimpeur
Contexte :
- En couenne, je n’arrive pas en haut de la longueur, et personne n’ira le faire à ma place (sinon le problème est vite résolu, on laisse finir le copain)
- En grande voie, dans les mêmes circonstances je suis absolument sûr d’avoir grimpé moins de la moitié de la corde (par exemple si la corde fait 50 mètres, je suis totalement certain d’avoir grimpé moins de 25 mètres).
- Je n’ai pas de descendeur avec moi (ce qui est problématique en grande voie)
Matériel :
- Une vache
- Un maillon rapide (en soit toujours remplaçable par un mousqueton)
- Un ficellou pour faire un nœud autobloquant
Ça y est, je sais que je ne passerai pas, le prochain point est trop loin, je suis tombé 25 fois, un nid de frôlons asiatiques excités me sépare du relais, ou simplement je réalise que la grimpe c’est nul, j’arrête définitivement là. Faut il encore savoir rentrer !

Nœud autobloquant marchard français, étape 1 : trois tours minimum avec un ficellou d’environ 60 centimètres de diamètre et 7mm d’épaisseur
Le cas le plus simple consiste à tout laisser en place et de se laisser mouliner, puis de compter sur de bonnes âmes pour un jour me rendre mon matos. Sinon, j’effectue une manipe de réchappe !
L’idée est simple, j’effectue simplement la même méthode que pour installer une moulinette, à deux détails près :
- Si le point sur lequel je vais redescendre est une plaquette et non un scellement je dois installer un maillon rapide (ou un mousqueton si l’on n’en dispose pas – évitez de laisser une dégaine entière c’est inutile)
- Une fois la corde passée dans le point et mon nœud à nouveau effectué, avant de me dévacher, j’installe un nœud autobloquant sur la corde de l’autre côté du point. Ainsi, en cas de rupture de l’ancrage, je serai repris nettement plus vite et espérons-le, avant de taper le sol, car je suis repris par le dernier point clippé sous moi comme si je tombais en tête, le nœud “court-circuitant” la grande boucle de mou existant entre le point d’ancrage sur lequel je descends et moi.
On peut également relier deux points avec des sangles ou dégaines pour avoir un relais “normal”, mais cela est plus coûteux (toutefois, cette option est intéressante si l’on a plusieurs mètres de ficellou, ce qui arrive en grande voie).
Cas à part :
- En grande voie, il est envisageable que j’ai dépassé la moitié de la corde ! Ou je suis dans le doute, ce qui revient au même… Quoi qu’il en soit cette technique ne marche que si l’on grimpe avec des cordes à doubles ou jumelées.

Nœud autobloquant marchard français, étape 2 : on passe la ganse du haut dans celle du bas en tête d’alouette. Si le nœud ne bloque pas en tirant dessus, rajouter un tour
Plusieurs options existent. Si votre partenaire est sûr de passer, vous pouvez effectuer un relais intermédiaire même si les deux points sont éloignés, en rallongeant avec des sangles ou la corde même. Sinon, si c’est le but absolu et que tout le monde redescend, alors nous allons installer un rappel. En plus du rappel classique, deux points sont très importants :
- Mon assureur ne retire jamais, jamais l’assurance et continue de tenir la corde (ou fait un nœud de blocage avec la corde derrière le descendeur).
- Lors de l’installation du rappel, avant de défaire mes nœuds, j’attache les cordes à mon pontet directement, afin déjà de ne pas les perdre, et d’être retenu en cas de rupture du point sur lequel je suis.
Cas encore plus à part :
- Je suis en grande voie, j’ai peut-être passé le milieu de corde, et je grimpe à simple !
Dans ce cas, la perfection serait de remettre un essai pour passer, victorieux cette fois ci ! Sinon, ce n’est pas si compliqué mais plus long. J’effectue la même manipe qu’au départ (moulinette contre-assurée par mon ficellou autobloquant), mais je ne pourrai pas arriver au relais ! Je suis donc obligé de m’arrêter sur un autre point, intermédiaire, et de refaire une manipe ici d’installation de moulinette. Je me vache sur le point, m’attache sur la corde au pontet par une queue de vache, entre mon nœud autobloquant et mon assureur (c’est une sécurité en plus). Alors je défais mon nœud d’encordement, ravale la corde et effectue dans le point sur lequel je suis attaché ma manipe de réchappe en moulinette. Une fois cela effectué, je peux retirer mon nœud de sécurité récemment attaché au pontet (en gardant mon nœud autobloquant), puis je fais passer la corde dans mon nœud autobloquant sans trop desserrer celui-ci, en direction de mon assureur pour “lui rendre le mou”. En même temps, ce dernier ravale toute la corde dans son descendeur, puis me prend sec. La descente peut repartir.
Pour aller plus loin, pour faire mieux !
Le nœud autobloquant est tout de même fragile et assez peu adapté à cet exercice. De plus, se faire mouliner sur un point sollicite davantage ce point que de descendre dessus en rappel (effet poulie).
Si l’on a sur soi un descendeur, l’option de s’automouliner ou de descendre en rappel (avec toujours évidemment associé un nœud autobloquant) reste la plus sûre, à condition évidemment que l’assureur en bas ne retire pas son système d’assurage !
Ai-je toujours un ficellou dans la poche ?
Une option simple pour toujours en avoir un est d’attacher son sac à magnésie autour de la taille directement avec un ficellou de 7mm max, de sécurité. Ça ne pèse rien de plus que l’attache classique mais pourra vous sauver un jour !
Attention à ne pas l’attacher avec un nœud plat : cela se défait tout seul (d’ailleurs si un jour quelqu’un retrouve mon sac perdu dans l’immense face sud du Grand Pic de la Meije…).
Accueil > Cours et manipes en ligne > La Réchappe